Mon grand-père nous parle de son arrière-grand-mère, et ses conseils pour les entrepreneurs 290/365

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A 18 ans, j’ai décidé de quitter l’école pour créer ma première entreprise. Je n’avais qu’une envie : être libre. Après avoir surmonté de nombreux obstacles, j’ai réussi à mettre mon entreprise au service de ma vie, plutôt que d’avoir une vie au service de l’entreprise… Aujourd’hui, je voyage 6 mois par an et j’inspire des milliers d’entrepreneurs et de créateurs à être plus libres et plus heureux.

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Transcription texte (littérale) de la vidéo « Mon grand-père nous parle de son arrière-grand-mère, et ses conseils pour les entrepreneurs 290/365 » :

Je disais dans une vidéo dans laquelle je m’adresse à mon moi du futur que j’espère avoir bien profité de mes grands-parents pendant qu’ils sont encore là, et idéalement, avoir réalisé une vidéo souvenir d’eux.

Il se trouve que quelques jours à peine après la publication de cette vidéo, un de mes grands-pères est décédé malheureusement à l’âge de 92 ans.

92 ans, c’est une belle vie. Il a vraiment bien vécu. Mais ça m’a vraiment touché parce que j’avais prévu la semaine d’après d’aller le voir pour le filmer et avoir des derniers souvenirs de lui.

Quand ça s’est produit, je me suis dit : J’ai compris la leçon, il ne faut absolument pas que j’attends trop longtemps pour mon autre grand-père.

On a des trésors de connaissances, de choses passionnantes dans nos familles. Il suffit de demander à nos grands-parents de nous parler de leurs parents, de leurs grands-parents, et peut-être même de leurs arrières grands-parents si vous avez de la chance.

Vous pouvez avoir accès à des informations incroyables sur la vie de vos ancêtres qui vont disparaitre si jamais vous ne posez pas la question.

Un de mes objectifs, c’est de vous encourager à aller voir vos propres grands-parents, de conserver des souvenirs comme ça et leur poser des questions que vous n’auriez peut-être pas eu l’idée de poser.

Je me suis dit que ce serait sympa de partager des moments intéressants avec vous et d’avoir une sauvegarde dans le Cloud. Peut-être que mes petits-enfants, mes arrières petits enfants pourront regarder cela dans 5 ans, dans 100 ans.

Hubert Roland : Je m’appelle Hubert Roland, né le 7 février 1931. Ça me fait presque 86 ans.

Olivier Roland : Tu as quand même été entrepreneur pendant des décennies. Qu’est-ce que tu donnerais comme conseil à quelqu’un qui se lance dans le métier d’entrepreneur aujourd’hui ?

Hubert Roland : À la lecture de ton bouquin, je ne peux plus donner aucun conseil parce qu’on est carrément à côté de la plaque. À mon avis, moi à sa place, maintenant, je ne prends personne. J’essaie de faire tout seul.

Olivier Roland : Parce que tu as eu jusqu’à 7 salariés quand même ?

Hubert Roland : Oui, mais l’époque était plus sûr que maintenant. Il y avait du travail.

En bas, ils ont fait le hall d’entrée. Ils ont fait appel à un plombier qui vient souvent ici, et ils ont fait demander un devis chez Dechuncal (0 :02 :12) et puis encore à un autre gars.

Alors, entre le gars qui a emporté le devis ici pour remplacer les radiateurs et Dechuncal (0 :02 :21), il y a 10 euros. Quand tu vois ça, nous, on n’avait pas ça. Quasiment jusqu’en 68, on n’a pas fait de devis.

Les gens venaient me trouver : tu peux me faire ça garçon ? Oui.

Olivier Roland : Et ils ne demandaient pas le prix ? Ils demandaient le prix à l’oral quand même.

Hubert Roland : Non.

Olivier Roland : C’était une autre époque.

Hubert Roland : Et alors, ils me disaient : quand ? Je ne sais pas.

De temps en temps, je rencontrais les gens. Des fois, si c’est une femme : « Monsieur Roland, vous pensez à moi ? »

« Vous savez bien que je ne pense qu’à vous ».

Je n’ai jamais rien dit, et souvent on était content.

Olivier Roland : Oui, c’était une autre époque.

Hubert Roland : C’est pour ça que je t’ai dit à la lecture de ton bouquin que ça n’a plus rien à voir avec ce qu’on a fait quoi.

Après 68, on a commencé à faire des devis. Mais comme j’avais déjà un bon volant de clientèles, c’était plus un devis pour savoir où on va qu’un devis pour te mettre en concurrence.

Ça m’est arrivé quelque fois des gens que je ne connaissais pas qui me demandaient un prix. Et une fois, ça m’a fait une leçon. Le gars m’appelle et dit : « J’ai demandé huit devis pour une installation de chauffage et j’ai décidé de vous confier l’installation du chauffage ».

J’ai dit : Pourquoi j’ai eu la cote d’amour ?

Il me dit : vous êtes dans le prix du milieu, je ne veux pas les trop chers et je ne veux pas le moins cher non plus.

Olivier Roland : Huit devis. Le mec voulait être sûr d’avoir le bon prestataire.

Hubert Roland : Non parce que le plus cher, ça lui paraissait cher. Et le moins cher, il s’en méfiait. Donc, il s’est dit : au milieu, ça doit être bon.

Olivier Roland : Est-ce qu’il y a des choses qui te manquent de l’époque de ton enfance ou de ton adolescence, des choses qui étaient peut-être dans la société et qui n’y sont plus aujourd’hui ?

Hubert Roland : A première vue, non parce que ce n’est pas le même mode de vie. On ne peut pas regretter certaines choses qu’on a connu il y a X années parce que ou ça n’existe plus ou ça n’existait pas. Ce n’est plus le même mode de vie.

Comme je t’ai dit, l’hiver, on dormait dans le congélateur.

Olivier Roland : Oui, il n’y avait pas de chauffage.

Hubert Roland : Il n’y avait pas de chauffage, il y avait de la glace, c’est tout. Ma mère mettait une brique à mes fesses et une brique à mes pieds.

Olivier Roland : Une brique dans le lit pour échauffer avant.

Hubert Roland : Tu te mettais comme ça dans le lit.

Je ne vais pas dire qu’on dormait à poil, non parce que tu n’aurais pas pu. Mais on changeait de vêtement. Et puis le matin, ton tablier est dans le froid comme ça et on n’est pas mort.

Olivier Roland : Si tu imagines que tu as 20 ans à nouveau et que tu démarres dans l’entreprenariat aujourd’hui, tu crées une entreprise dans quoi ?

Hubert Roland : Il faudrait que je m’adapte comme les autres.

Ce que tu dis, c’est vrai parce que quand je me suis installé, c’était en 57, mon beau père avait 57 ans et cela fait plus de 30 ans qu’il était installé. Et il m’a dit : « Je te plains parce qu’avec toutes les paperasses que tu vas avoir ».

Tu es jeune, tu t’adaptes au fur et à mesure de l’évolution de ce qu’on te demande. C’est ce que vous connaissez.

Moi maintenant, je suis à côté de la plaque. Je vais me répéter, quand je vois ce que tu dis dans ton bouquin, si j’avais 20 ans, je me serais adapter à ça. Maintenant, je ne peux pas.

Je n’ai pas connu les ordinateurs, je n’ai pas connu le smartphone. Nous, on se déplaçait. Maintenant, avec le smartphone ou l’ordinateur, tu n’as plus à te déplacer.

Il y a de ça 7 ou 8 ans, j’ai dû remplacer la robinetterie de levier. C’est un peu spécial, c’est du vieux bronze. Je suis allé chez le fournisseur chez qui j’avais acheté le premier et il m’a dit : maintenant, on n’en fait plus, on n’en fait plus assez, on n’en vend plus assez.

J’ai cherché sur Castorama, le Roi Merlin, j’ai trouvé chez le Roi Merlin. Mais avant, il fallait courir pour avoir ça. C’est-à-dire que tu passais des fois ta journée à courir comme ça.

Olivier Roland : Tandis que là, tu l’as fait sur ton ordinateur ?

Hubert Roland : Tandis que là, j’avais fait sur mon ordinateur.

Maintenant, c’est ce que les entrepreneurs ou les artisans font. Avant, il faut aller se déplacer ou téléphoner. Et encore le téléphone, il s’agissait que tu tombes sur le bon magasinier parce que des fois, il n’y a pas un magasinier qui savait à peine te répondre.

Olivier Roland : De quoi tu es le plus fier dans ta vie ?

Hubert Roland : Il y a plusieurs choses quand même. C’est sûr qu’il y en a qui ont fait mieux que moi beaucoup. Je ne vais pas me plaindre, je n’ai pas trop mal réussi en partant du zéro.

Au point de vue travail, j’ai toujours béni le ciel d’avoir pris la décision de partir de l’école à 15 ans parce que j’ai toujours dit : Hubert, tu es exactement à ta place.

Olivier Roland : Toi, tu as eu la chance de rater tes études alors ?

Hubert Roland : Oui, aussi. Quand tu as voulu quitter l’école, Mamie me dit : « Tu ne peux pas essayer de lui dire … ». J’ai dit : « Pourquoi je vais lui dire ça ? J’ai fait le même, je ne peux pas. Je ne vais pas aller dire : maintenant, il faut rester ».

Pour être jeune, il faut être fou. Il ne faut pas réfléchir à rien. C’est comme ça, on n’y va.

Tandis qu’un peu plus tard, tu es un peu plus réfléchi.

Plus tard, je ne pense pas que tu puisses connaitre un emballement comme ça parce que c’est la jeunesse qui parle. Pour moi, peut-être que je me trompe.

Olivier Roland : Raconte-nous comment tu as eu ton permis à l’armée au Maroc ?

Hubert Roland : C’était le père de l’armée. On faisait deux sortes de sous-officiers : les sous-officiers instructeurs et les sous-officiers de bureau.

Donc moi, je fais le deuxième peloton des sous-officiers de bureau. A l’examen, je sors deuxième. On nomme les dix premiers tout de suite. Ça veut dire que tu sors de rassemblement, tu es sous-officier.

Seulement pour être sous-officier, il restait l’épreuve de permis de conduire.

Alors, on avait appris le code aux pelotons. Et pour ne pas être complètement désemparé à la conduite, ils nous avaient démonté un camion, décarcassé un camion. Ils avaient laissé le moteur, le châssis, les roues arrière. Ils avaient mis tout ça sur des chandelles. Puis, on faisait un (0 :09 :47). Je vais mettre en route le moteur, on se faisait manier les pédales et tu passais les vitesses, mais tu ne roulais pas.

À Marrakech, on m’a fait passer le peloton. Je suis monté dans un 4×4 avec un officier à côté et il m’a dit « Allez, on y va ». Et j’ai fait 10 mètres, je passais en première. J’ai fait 10 mètres, peut-être que j’ai passé la deuxième. Je n’en sais pas parce qu’on nous avait toujours dit que la première, c’est juste pour faire bouger les roues.

Peut-être que j’ai passé la première. Puis, il m’a dit : c’est bon, ça va, ça suffit.

Et j’ai eu le permis de conduire comme ça. J’ai eu un permis de conduire sans jamais avoir conduit. C’était les pères de l’armée ça.

Olivier Roland : Ils t’ont fait faire un tour de cour littéralement ?

Hubert Roland : À peine.

Olivier Roland : A peine un tour de cour et ils t’ont donné le permis.

Hubert Roland : Même pas un tour de cour, il m’a fait faire quelques dizaines de mètres. Puis, il me dit : vous allez faire une marche arrière quand même.

Alors, j’enclenche la marche arrière. Il y avait un palmier derrière et je ne l’ai pas vu. Puis, bam. Il dit : c’est bon, je n’ai rien vu.

Olivier Roland : Il voulait vraiment t’avoir comme sous-officier.

Hubert Roland : L’histoire des réfugiés, ce sont des étrangers, des Syriens. Mais ce n’est pas changé. On refuse toujours le gars qui vient mettre son nez dans son assiette.

Olivier Roland : Donc avant, c’était les gens du Nord comme disait dans le sud de la France.

Hubert Roland : Étant donné qu’on a abattu les distances parce qu’avant, pour descendre à Marseille, c’était une affaire des temps.

Tu prenais le train ici à Lille jusqu’à Paris. A Paris, il faut aller à la gare de Lyon pour prendre un autre train. Et après, tu descendais à Marseille parce qu’en plus, c’était des locomotives à charbon. Donc, de temps en temps, il faut les arrêter pour faire le plein de (0 :11 :55) de charbon et faire le plein d’eau.

Olivier Roland : Oui. Le plein d’eau pour la vapeur, c’est la logique.

Hubert Roland : Il prévoit des trains à 1200 km/h, c’est-à-dire que tu vas passer plus de temps à t’embarquer que faire la route parce que pour descendre à Marseille, c’est une heure de temps. Pour aller à Paris, c’est 1/4 d’heure. Je n’en suis pas plus affecté que ça.

J’ai encore connu ça en 42. Tu arrivais à te faire un peu d’argent de poche. Tu ramassais des marrons que tu revendais aux cultivateurs pour leurs cochons, tu cueillais du tilleul que tu allais vendre à la pharmacie, tu allais cueillir de la lavande, tu allais cueillir des champignons que tu revendais en route comme ça.

Par ici, on ne faisait pas ça. Ce qui fait que pour tout ça, ça faisait que les gens ne mouraient pas de faim, mais ils n’auraient pas un train de vie qu’ils ont maintenant. C’est sûr.

De toute façon, ils ne pouvaient pas avoir le train de vie qu’ils ont maintenant parce que ça n’existait pas. Il n’y a pas de frigo, il n’y a pas de machines à laver, encore moins de sèche-linge, tout le reste.

Olivier Roland : Tu avais l’électricité dans ta maison quand tu étais petit ?

Hubert Roland : Oui.

Olivier Roland : Et l’eau courante aussi ?

Hubert Roland : Oui.

Olivier Roland : Contrairement à mon autre grand-père qui lui n’avait pas de l’électricité.

Hubert Roland : Non, il n’y avait pas l’électricité partout.

Olivier Roland : Chez ton arrière-grand-mère, il y avait l’électricité ?

Hubert Roland : Oui, parce que Herly, c’est un village qui a été complètement détruit à la guerre de 14. Cela a été reconstruit.

Olivier Roland : Ils ont mis l’électricité avec.

Hubert Roland : Voilà. Sinon, il est très possible qu’il n’y a pas eu.

Par contre, pendant la guerre, on avait quelquefois de très longues coupures parce que d’abord, on était restreint. On avait droit à 10 kwatt par mois, je crois. Pour l’époque, ce n’était pas mal parce qu’on n’avait que des lampes.

Nous avions un poste de radio. Mon père avait acheté un poste de radio en 36. On ne consommait pas énormément.

Ce qu’il y avait aussi, c’est que quelquefois, il y avait des coupures de courant parce qu’à Herly, on cultivait le tabac jusque dans les années 50 ou 60. Après, quand ça ne payait plus, ça a été remplacé par les choux fleurs et les chicons.

Pendant la guerre, ça se trafiquait du fait qu’il n’y en avait pas de (0 :14 :58). Les gens qui fumaient avaient une carte pour aller chercher du tabac et c’était contingenté.

Donc, c’est occasionnel. C’est comme la drogue aussi. On les interdit, mais pas assez à ce moment-là.

Comme on était restreint en électricité, à l’époque, les fils n’étaient pas enterrés. Ils étaient aériens. Donc, ils jetaient des grappins, un crochet que tu mets sur le fil qui permet de prendre des courants.

Des fois, il y avait deux fils qui se touchaient ou les deux grappins qui se touchaient. Ça disjonctait. Puis, tout le secteur était sans courant. Ça pourrait durer la nuit complète.

A ce moment-là, on avait de lampes à pétrole quand on avait du pétrole ou des bougies.

Olivier Roland : Qu’est-ce que tu peux nous dire sur ton arrière-grand-mère, sur Marie. Qu’est-ce qu’elle t’a raconté comme aventure ou comme chose qu’elle a vécu dans son enfance, dans sa vie ?

Hubert Roland : D’abord, l’histoire du rouleau de toile.

Comme je t’ai déjà expliqué, ses parents comme beaucoup à l’époque, c’était ce qu’ils appelaient des cultivateurs tisserands. C’est-à-dire qu’ils avaient un petit morceau de terre qu’ils cultivaient l’été, ils vivaient avec ce qu’ils produisaient. Puis, l’hiver comme ils n’avaient rien à faire parce que ce morceau de terre, l’hiver, il n’y a rien à faire. Si c’est bêché, si c’est retourné, il n’y a rien à y faire. Ils faisaient de la toile. Ils avaient un petit métier à tisser, ils faisaient de la toile.

À 9 ans, on lui mettait un rouleau de toile sur une brouette de Fournels à Armentières, à pied avec la brouette 11 km. Et 11 pour revenir, ça fait 22.

Après, elle s’est mariée. Elle est venue à Herly où elle a travaillé. Elle était cuisinière et son mari était jardinier.

Elle se levait le matin à 4 heures pour aller cueillir les fraises à la rosée.

Comme elle n’avait pas de retraite, à l’époque, ça n’existait pas. Elle était entretenue un peu par ses enfants. Puis, elle s’était débrouillée à tricoter ou raccommoder des chaussettes.

Une fois, elle m’avait apporté une paire de chaussettes qu’elle avait tricotée.

Elle a travaillé plus d’une journée là-dessus pour gagner même pas la valeur d’un pain. Ça ne peut pas marcher comme ça, ce n’est pas possible. Alors, je porte les chaussettes où on m’avait dit d’aller. Et là, on me dit : c’est combien ?

Je ne me rappelle plus, mais j’ai majoré un sacré coup.

J’ai rapporté ça à mon arrière-grand-mère et elle m’a dit : mais je ne t’ai pas dit ça.

Moi, j’ai demandé : Pourquoi tu as fait ça parce que ce n’est pas assez. Tu ne gagnes pas assez. Tu ne gagnes pas de quoi manger un pain dans ta journée. Ce n’est pas possible.

Elle a dit à mon père. Lui, il a dit : il a bien fait.

Olivier Roland : Donc, tu étais déjà commerçant dans l’âme très jeune alors.

Hubert Roland : J’avais quand même la notion de la valeur des choses parce que j’avais une douzaine d’années. Je commençais à me rendre compte de ce que ça coûtait puisqu’en général, c’est beaucoup moi qui faisais les courses parce que ma mère allait travailler. Elle me faisait une liste, puis je faisais les courses.

Olivier Roland : Et tu as d’autres souvenirs de ton arrière-grand-mère, de Marie ?

Hubert Roland : Mon père m’avait dit : fais-la chanter parce qu’elle chantait une chanson qui avait eu lieu pendant la guerre de Crimée, Sébastopol, Mac Mahon.

Olivier Roland : C’était dans les années 1850.

Hubert Roland : Non, c’était après puisqu’à la guerre de 70, elle n’avait que 11 ans. Mac Mahon, c’était après puisqu’après, il a été président de la République.

Et alors, c’était l’histoire d’un garçon que ses parents pensaient mort à la guerre de Crimée et, en fait, qui revenait. Mais ils ne le reconnaissaient pas et il disait : je suis Joseph, le fils que vous pleurez. Alors, elle la chante et quand elle avait fini, elle m’a dit : ne le dis pas à ton père.

Olivier Roland : Et pourquoi ?

Hubert Roland : Parce que je ne sais pas.

Olivier Roland : Elle était timide ?

Hubert Roland : Oui, comme les gens à cette époque-là.

Si tu veux, tu avais une classe dominante et une classe de dominée. Les gens n’avaient pas la liberté de parole qu’ils avaient maintenant parce qu’ils étaient élevés comme ça.

Maintenant, c’est peut-être un peu trop parce qu’avant, ce n’était pas assez. Maintenant, tu ne peux plus rien dire à personne. Mais à l’époque, les gens avaient le respect de la personnalité du village parce que les personnalités du village avaient une instruction un peu plus poussée que les autres parce que les autres n’avaient pas les moyens financiers. On mettait les enfants au travail très tôt de façon à ce qu’ils gagnent un peu d’argent pour participer à la vie de la famille.

Olivier Roland : Pour revenir sur ton arrière-grand-mère Marie, donc, elle a été cuisinière toute sa vie ?

Hubert Roland : Jusqu’à la guerre de 14 parce qu’après, les anglais ont mis le feu au château. C’est comme Jeanne d’Arc. Après, il n’a pas été reconstruit.

Donc, après la guerre de 14, je ne sais pas ce qu’elle a fait. C’est-à-dire qu’elle avait quand même déjà près de 60 ans à la fin de la guerre.

Elle a connu 3 guerres : 70, 14-18 et 39-45.

Olivier Roland : C’est beaucoup.

Elle est morte en quelle année ?

Hubert Roland : 14 janvier 45.

Olivier Roland : Donc, elle avait 85 ans.

Merci d’avoir partagé tout cela.

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