Fabien Olicard partage comment il utilise la connaissance du cerveau humain et de l’ingénierie sociale pour réussir : comment il a gagné un prix de mentalisme alors qu’il était loin d’être le meilleur, comment il augmentait son revenu de magicien de restaurant, comment il fait pour que les gens repartent ravis de ses spectacles, etc.
🎙️ L’interview complète « Fabien Olicard, de bac -1 à auteur, youtubeur et mentaliste à succès »
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A 18 ans, j’ai décidé de quitter l’école pour créer ma première entreprise. Je n’avais qu’une envie : être libre. Après avoir surmonté de nombreux obstacles, j’ai réussi à mettre mon entreprise au service de ma vie, plutôt que d’avoir une vie au service de l’entreprise… Aujourd’hui, je voyage 6 mois par an et j’inspire des milliers d’entrepreneurs et de créateurs à être plus libres et plus heureux.
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📺 ►Lien de la vidéo : https://youtu.be/_P2crE1MluI
Ce secret pour manipuler n’importe qui ! (Attention dangereux)
#RebellesIntelligents #DéveloppementPersonnel
Transcription texte (littérale) de la vidéo « Ce secret pour manipuler n’importe qui ! (Attention dangereux) » :
Fabien Olicard : Et ce qui est marrant, c’est qu’en 2007, j’ai gagné le prix des Cannes d’or qui est un concours national, et moi, quand j’y vais là-bas, c’est pour me confronter à d’autres personnes. Je ne connais pas d’autres magiciens, je vais les voir faire.
Olivier Roland : Toi, tu as déjà des clients et tu fais des spectacles.
Fabien Olicard : Oui. Et donc, je vais les voir faire et toute la journée, on passe la journée ensemble, des gars très sympathiques vraiment et je me prends des gifles. Je dis « Ah ! La vache. Ah ! Les tueurs. » Ce sont des tueurs.
Et le soir même, on fait tous les trucs, les machins. Alors, c’est en vraie condition de close-up, donc on allait dans des bars, il fallait aller à une table. Tu avais le jury qui nous observait et tout, microté et tout ça. Et on allait voir des personnes qui étaient là pour nous juger, mais aussi des gens qui n’avaient rien demandé. Il fallait être capable de les aborder, de faire ton tour, etc., machin. Après, le jury aussi passait pour recueillir leurs impressions. C’était très intéressant comme système.
Et donc, on fait cela et puis après, il y a la remise des prix. Et moi, je suis venu en voiture depuis la Rochelle, c’est à Cannes. Je n’ai pas beaucoup d’argent, donc si je peux économiser une nuit, tant mieux. Ils annoncent les résultats, et moi, je suis à la porte du fond avec mon blouson, mon manteau, ma petite sacoche, limite, la clé de la voiture dans la main en mode : j’écoute qui a gagné pour savoir et puis je file. Comme ça, je prends la route. Sauf que c’est moi qu’on appelle. Donc, je suis vraiment arrivé sur scène avec mes affaires, mon machin, c’était pour te dire également que ce n’était pas prévu. Je me dis « impossible que je gagne, ils étaient si forts techniquement ».
Et en fait, je le comprends après suite à des discussions les deux choses qui ont fait la différence, c’est qu’ils venaient tous dans leur parcours de club de magie, donc ils ont appris la même chose de la même manière au même moment. Donc en fait, on avait de très bons interprètes mais toujours des mêmes choses. Moi, cela sortait des sentiers battus. Même mes techniques, elles étaient très underground. Elles paraissaient fortes, mais elles cachaient mes faiblesses en fait, je les avais créées pour compenser des faiblesses chez moi. Donc, c’était un peu inédit pour eux.
Et puis la deuxième chose, c’était l’habitude de travailler. Cela a fait une grande différence, c’est-à-dire que moi à une époque, pour roder, quand je crée un nouveau numéro de magie, qu’est-ce que je fais ? Je vais sur les terrasses de la Rochelle et je vais faire de la magie au pourboire. Et c’est comme cela que je me rode. Et je ne demande jamais un pourboire, donc j’ai toute une mécanique psychologique qui incite…
Olivier Roland : Tu as un chapeau quand même ou…
Fabien Olicard : Non.
Olivier Roland : Non, rien, d’accord.
Fabien Olicard : Mais le dernier tour, c’est toujours avec de l’argent, jamais un gros billet, qu’il va falloir me fournir. Puis, j’ai quelques blagues de « Reprenez votre billet. Qui veut rester ici ? Qu’il est gentil, vous voulez me féliciter, je vous le redonne » jusqu’à tant qu’on me dit spontanément.
J’ai même une technique, la technique du livre d’or, des fois quand il fallait que je ramène un peu de cash quand même. J’avais un tout petit livre d’or et quand je voyais qu’ils n’avaient pas compris que j’étais au pourboire et je ne voulais jamais le verbaliser, si tu vois, je disais « Si vous voulez, je recueille un peu de mots en ce moment, si vous voulez m’en écrire un pendant que je vais à la table d’à côté ». Donc, j’ouvrais et puis, il y avait un petit billet de 50 francs dedans, je remercie la table virtuelle qui n’existait pas, je le remerciais pour cela. J’empochais ça et puis j’allais faire un tour à une autre table et je récupérais mon livre d’or où il y avait un billet qui avait été reglissé.
Olivier Roland : Tu crées de la preuve sociale.
Fabien Olicard : Bien sûr, c’est ça.
Olivier Roland : Le seul métier de salarié que j’ai fait, c’était celui de serveur dans une crêperie et on mettait… c’est très connu comme truc, on mettait des pièces pour faire croire qu’il y avait des pourboires de donnés.
Fabien Olicard : Oui, c’est ça. Donc, je faisais ça comme ça et cela m’a servi parce que le jour J, comme c’était des conditions réelles d’attaque de table… c’est vrai qu’il y a des magiciens, qu’il y avait des tueurs en dextérité. Dans mon souvenir, je me souviens, ils s’approchaient d’une table, puis ils reculaient, et puis ils y allaient, puis ils disaient « excusez-moi ». Et moi, j’avais déjà fait deux tables pendant ce temps-là, c’est-à-dire que je n’avais aucun complexe à repérer le trou de la table et à faire comme un serveur, j’arrive et j’y vais. Et déjà, je n’arrivais jamais en disant que j’étais magicien, jamais. Je ne disais jamais « Est-ce que vous voulez que je vous fasse un tour ? ». Il y a la possibilité de me dire non, donc ce n’est pas possible.
Olivier Roland : Donc, tu préfères demander pardon que la permission ?
Fabien Olicard : Exactement.
Olivier Roland : C’est un bon principe.
Fabien Olicard : Bien sûr.
Olivier Roland : Sauf dans les trucs légaux.
Fabien Olicard : Non, mais c’est cela. J’arrivais à table et puis, d’ailleurs je me faisais passer pour un serveur le temps d’une phrase, dire « Bonjour, quelqu’un a pris votre commande ? » « Oui, c’est bon ». « C’est formidable, on va pouvoir passer à la magie alors » et crac !
Olivier Roland : C’est excellent comme introduction. Ils pourraient même supposer que tu étais un employé du restaurant qui était là pour les…
Fabien Olicard : Oui. De toute manière, il fallait qu’on m’accole l’étiquette de confiance. Il ne fallait pas qu’on m’autorise à arriver sur la table parce qu’on risquait de ne pas m’autoriser, parce que de peur de X ou Y ou autres choses. Et puis après, socialement, j’avais aussi commencé à travailler dans la restauration et dans ma magie de pourboire de qui est le leader de la table, et qui est le vrai leader de la table ? Tu as le leader qui parle fort et puis tu as le vrai leader qui est celui qu’on va respecter, qui prend les décisions quand même. Comment j’en fais mon allié s’il est contre moi dès le départ ?
Pendant que je faisais des tours à une table, je voyais qui est-ce qui commandait le vin sur l’autre table. C’est lui qu’il faudrait que j’aille voir. Et quand j’irai le voir et que je rentrerai sur la table, il faudrait tout de suite falloir que je lui fasse comprendre que je ne vais pas prendre sa place et qu’au contraire, on va faire des choses ensemble. Grâce à lui, ça va être formidable, pas grâce à moi, ne t’inquiète pas.
Donc, c’était tout simple tous ces jeux-là. Et en fait, ces grands techniciens de magie contre lesquels je concourais n’avaient pas cette intelligence sociale. Ils ne l’avaient pas travaillé, ils ne l’avaient pas expérimenté, donc ils avaient par contre de bien meilleures compétences que moi dans la technicité.
Olivier Roland : Mais c’étaient des techniciens, c’est ça. Toi, tu étais un humain avec toute la composante.
Fabien Olicard : Oui, c’est ça.
Olivier Roland : Donc, il leur manquait un peu de…
Fabien Olicard : Oui. En fait, c’est là où je me suis rendu compte qu’il n’y a pas de mauvais tour, mais vraiment le tour le plus basique du monde suivant par qui il est fait, il peut être brillant. Et les tours qui marchent mieux sur le public en close-up ou quoi ne sont pas des tours qui ont bluffé les autres magiciens, ce sont des tours avec la lecture la plus simple. En fait, si je ne peux pas t’expliquer mon tour de magie en trois phrases, c’est qu’il est trop compliqué à suivre et il va floper à table. Et ça, je le garde pour plein de choses, pour mes livres.
Mes livres, quand je les réfléchis, je me dis « comment Michel qui a acheté le livre et qui l’a aimé, comment il va en parler à Jean-François ? » S’il n’est pas capable d’en parler parce que ce n’est pas assez clair, c’est que je me suis planté dans l’écriture de mon livre, il faut que je revoie un peu ma copie. Mon spectacle, c’est pareil. En sortant du spectacle, si tu ne sais pas résumer mon spectacle, c’est que mon spectacle, il n’est pas lisible.
C’est dur d’être dans l’égo de retourner vers la simplicité, mais c’est un travail qui est vraiment nécessaire. Comment je rends les choses plus simples à partir du moment où ce sont des choses où qu’il y a un « bouche-à-oreille » derrière ?
Olivier Roland : Parce que c’est aussi une sorte de malédiction qui nous touche quand on devient un expert du sujet, c’est que justement on cherche aussi à impressionner nos pairs et on cherche aussi un défi personnel. Du coup, on va se couper du public qui lui est à des milliers d’années-lumière dans tout ça.
C’est un plaisir pour toi de rester connecté à la simplicité ou c’est vraiment un exercice que tu te forces à faire ?
Fabien Olicard : Non, c’est un plaisir. Je sais pourquoi je fais cela. Et effectivement de ce que tu dis, je sais que la majorité de ceux qui apprécient le mentalisme en France de spectacle, pour le pratiquer parce qu’ils le pratiquent, je sais qu’ils ne me valident pas. Il y a beaucoup de grands noms du mentalisme qui me valident, mais parce qu’ils ont passé des steps dans la vision de leur art. Moi, je crois que la chose la moins intéressante dans la magie ou dans le mentalisme, c’est le tour.
Olivier Roland : Donc, le plus intéressant, c’est quoi ? C’est la connexion au public, c’est l’émotion.
Fabien Olicard : C’est tout le reste, ces moments, et c’est partagé. C’est : qu’est-ce que tu as envie d’envoyer et véhiculer ? Qu’est-ce que tu veux transformer et ne pas transformer ? Après publication de cette vidéo, il y aura la dernière de mon spectacle actuel qui sera diffusée sur C8. Donc, tout le monde pourra le voir. Il sera en replay, il sera gratuit.
Ce spectacle dure deux heures. En 4 ans de scène avec ce spectacle, 3 ans et demi, il n’y a personne qui est sorti avec une autre phrase que c’était un super spectacle de mentalisme.
Dans ce spectacle de deux heures, il y a combien de numéros d’après toi de mentalisme ?
Olivier Roland : Je n’en ai aucune idée. Un seul, c’est cela ?
Fabien Olicard : Non, il y en a 4.
Olivier Roland : D’accord, Ok.
Fabien Olicard : Il y en a 4 en deux heures. Et pourtant, tout le monde te dira « J’ai vu un spectacle de mentaliste, cela enchaîne ». En fait, cela n’enchaîne pas si tu arrives en voyant le spectacle à te dire pourquoi j’ai l’impression d’avoir vu plein de tours ce soir et tu te poseras la bonne question de « c’est quoi nos arts ? ».
Pour moi, enchaîner un tour, c’est surtout un truc de l’égo, de tu ne vas pas comprendre ce que j’ai fait, tu te positionnes vis-à-vis de cela. Moi, je ne me positionne pas vis-à-vis de cela. A un moment donné, le tour va être support à quelque chose et le secret, s’il y en a un, il ne doit pas être la pierre angulaire. Quand j’ai créé un spectacle, il faut que si j’enlève tous les tours, il reste un spectacle. Les tours doivent être un apport de spectacle, mais ils ne peuvent pas être le spectacle.
Olivier Roland : Intéressant.
Fabien Olicard : Et c’est le problème d’ailleurs de la magie. Quand tu commences la magie, si je t’apprends un tour, tu peux aller faire le tour. Mais tu n’es toujours pas comédien, tu n’as toujours pas de texte, tu ne sais pas quel est ton personnage, quel est ton clown intérieur, quel est le message que tu veux donner, quel est le moment où tu veux leur faire passer. Tu n’as que le secret d’un tour, autant dire rien du coup. C’est le seul art la magie où tu as l’impression de connaître quelque chose parce que tu connais le secret d’un tour. Et c’est un problème parce qu’il faut se déconstruire mentalement pour se dire la chose qui est la plus précieuse, le secret, c’est la moins importante. Elle est précieuse, mais pas importante.
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