đŸ’¶ Comment Michael Pouchelet a hackĂ© son Ă©ducation et crĂ©Ă© la startup rentable Écomairie

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A 18 ans, j’ai dĂ©cidĂ© de quitter l’Ă©cole pour crĂ©er ma premiĂšre entreprise. Je n’avais qu’une envie : ĂȘtre libre. AprĂšs avoir surmontĂ© de nombreux obstacles, j’ai rĂ©ussi Ă  mettre mon entreprise au service de ma vie, plutĂŽt que d’avoir une vie au service de l’entreprise… Aujourd’hui, je voyage 6 mois par an et j’inspire des milliers d’entrepreneurs et de crĂ©ateurs Ă  ĂȘtre plus libres et plus heureux.

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Transcription texte (littĂ©rale) de la vidĂ©o Â«Â đŸ’¶ Comment Michael Pouchelet a hackĂ© son Ă©ducation et crĂ©Ă© la startup rentable Écomairie » :

 Olivier Roland : Je suis actuellement avec MichaĂ«l Pouchelet. On s’est rencontrĂ© Ă  la cĂ©rĂ©monie des re.start awards qui est une cĂ©rĂ©monie qui a nominĂ© des gens dans diffĂ©rentes catĂ©gories autour du concept du meilleur rebond aprĂšs un Ă©chec. Tu Ă©tais nominĂ© dans la catĂ©gorie Ă©conomie numĂ©rique.

Michaël Pouchelet : Tout à fait.

Olivier Roland : Ce qui m’a beaucoup intĂ©ressĂ© parce que je suis complĂštement Ă  2000 % dans l’Ă©conomie numĂ©rique.

MichaĂ«l Pouchelet : Ça se voit.

Olivier Roland : Exactement.

Et du coup, je me suis dit que ça serait intéressant que tu partages ton expérience avec notre audience.

Aujourd’hui, tu es Ă  la tĂȘte d’une entreprise qui s’appelle Ecomairie.

Michaël Pouchelet : Tout à fait.

Olivier Roland : Et qui fonctionne trÚs bien, on va en parler.

MichaĂ«l Pouchelet : Le premier projet qui est liĂ© Ă  Ecomairie directement s’appelait Ecobrico. En 2013, on avait fait un constat simple, celui qui est en fait, on avait tous dans nos garages et nos dĂ©barras des restes de travaux et de chantiers qui ne nous servent pas. Et puis, on voyait nos voisins faire 14 ou 15 km pour aller chercher au magasin le plus proche le fameux pot de peinture.

Au final, on était deux avec nos restes de pots de peinture, puis on trouvait cela un peu dommage que des voisins, on ne puisse pas à un moment donné se rencontrer.

Quand je dis « on », c’est parce que dĂšs l’origine, je n’Ă©tais pas tout seul dans l’aventure. C’est Laurent Marcant, un de mes voisins qui habite Ă  500 mĂštres qui avait fait ce constat-lĂ .

On se connaissait lui et moi un peu. moi, je venais de la com territoriale et lui venait de l’industrie et c’est lui qui avait remarquĂ© ça chez ses voisins, dire : « Mais c’est idiot, pourquoi est-ce qu’Ă  un moment donnĂ©, on va aller utiliser tous les deux des pots de peinture et ne pas les utiliser en intĂ©gralité ? »

Et puis, de lĂ  est nĂ© le premier projet Ecobrico qui a Ă©tĂ©, je dirais, le brouillon d’Ecomairie parce que c’est Ă  ce moment-lĂ  qu’on a essuyĂ© tous les plĂątres.

Olivier Roland : Du coup, le concept d’Ecobrico, c’Ă©tait d’avoir une plateforme en ligne qui permettent aux gens de partager leurs restes finalement de bricolage.

MichaĂ«l Pouchelet : C’est tout Ă  fait ça.

Mais en face de ça, il y avait des sites comme le Bon Coin qui sont hyper connus. On avait pensĂ© Ecobrico dĂ©jĂ  Ă  l’origine comme quelque chose de national.

C’Ă©tait peut-ĂȘtre un peu l’option de facilitĂ©, mais on entendait tellement parler de grands sites nationaux qui Ă©taient arrivĂ©s Ă  lever des centaines, voire des millions d’euros pour mettre en place leurs sites qui fonctionnaient trĂšs bien. Sauf que nous, on avait cette petite niche, pas sur le site en tant que tel mais vraiment sur les produits qu’on pouvait y traiter.

Et lĂ , typiquement, ce n’est pas des restes de travaux et de chantiers qu’on peut trouver sur des sites, sur le Bon Coin, c’est plutĂŽt l’automobile, plutĂŽt l’immobilier.

Donc, on voulait vraiment se dĂ©marquer par rapport Ă  ça et Ă  l’origine, on s’Ă©tait dit que la plateforme nationalement, ça a du sens, on avait juste rajoutĂ© la gĂ©olocalisation des annonces, c’est-Ă -dire que le but du jeu, c’Ă©tait de mettre ces deux fameux voisins en relation dans la distance la plus courte possible quitte Ă  rĂ©duire Ă  un moment donnĂ© certains produits Ă  arriver en dĂ©chetterie, encore que ce n’Ă©tait pas la notion initiale, autant qu’ils se trouvent l’un Ă  cĂŽtĂ© de l’autre.

Olivier Roland : Et que dans votre vision, quel Ă©tait votre business model ? Comment vous pouvez gagner de l’argent avec ça ?

MichaĂ«l Pouchelet : Le business model Ă©tait assez classique, on nous a d’ailleurs plusieurs fois fait la remarque. Il fallait avoir beaucoup de visiteurs sur un site pour pouvoir gĂ©nĂ©rer beaucoup d’affichage, de potentielle banniĂšre.

Olivier Roland : D’accord, c’est vraiment la publicitĂ©.

MichaĂ«l Pouchelet : On Ă©tait clairement sur du modĂšle publicitaire, de mĂȘme que sur le reste des sites internet, c’est aussi le cas. On ne va pas faire payer les utilisateurs, cela aurait Ă©tĂ© un gros frein Ă  l’enregistrement d’annonce.

Par contre, le pari, c’Ă©tait de se dire : « On y va avec nos moyens, on est diffĂ©rent du Bon Coin, donc on va aller contacter les mĂ©dias nationaux, puis on va essayer d’obtenir un maximum de reportages sur nous en se disant que demain, tous ses visiteurs qu’on aurait eus Ă  un moment donnĂ© sur le site, on aurait pu les transcrire en personnes qui reviennent rĂ©guliĂšrement, qui permettent l’affichage de banniĂšres et la commercialisation pour trouver notre modĂšle Ă©conomique. »

Olivier Roland : C’était le projet, ça ne s’est pas passĂ© exactement comme prĂ©vu.

MichaĂ«l Pouchelet : Ça s’est passĂ© comme prĂ©vu sur l’aspect des mĂ©dias parce qu’on a Ă©tĂ© trĂšs suivi. Je me rappelle d’un samedi matin oĂč la rĂ©daction de TF1, alors qu’on avait tournĂ© le reportage sept mois avant, me dit : « Ça y est, c’est bon, c’est pour aujourd’hui ». Moi, je n’Ă©tais pas Ă  Dunkerque et c’est Laurent qui a dĂ» gĂ©rer toute la modĂ©ration des annonces.

Olivier Roland : Parce que vous ĂȘtes de Dunkerque et que c’est de lĂ  que ça a dĂ©marrĂ©.

Michaël Pouchelet : Tout a démarré de Dunkerque. Et je me rappelle avoir appelé Laurent en disant : « Tu vas devoir modérer tout ce qui va passer sur TF1 a priori parce que ça passe ce midi, là dans 20 minutes ».

C’Ă©tait une espĂšce de petite victoire.

Ce n’Ă©tait pas la finalitĂ© ni un modĂšle Ă©conomique qu’on recherchait, mais au moins, on avait cet affichage, cet intĂ©rĂȘt pour le fait de se dĂ©marquer. Mais ça n’empĂȘchait pas malgrĂ© tout de garder l’objectif qui Ă©tait de dire : comment on lĂšve des fonds pour financer la suite parce que ce n’est pas uniquement un reportage sur le 13 heures de TF1 ou une autre sĂ©rie, une autre Ă©mission qui va faire perdurer le modĂšle. Il fallait derriĂšre trouver des investisseurs prĂȘts Ă  lever une certaine somme d’argent pour gĂ©nĂ©rer plus de vues sur le site, et donc potentiellement avoir plus de recettes dĂ©gagĂ©es par les ventes des banniĂšres.

Olivier Roland : Et ça, c’Ă©tait en quelle annĂ©e ?

MichaĂ«l Pouchelet : Ça, c’Ă©tait au tout dĂ©but 2014. On a conçu le site entre 2013-2014.

L’idĂ©e est nĂ©e en 2013 et en 2014, la plateforme a commencĂ© Ă  sortir en France.

Olivier Roland : Et vous avez eu un gros pic de trafic quand vous ĂȘtes passĂ© sur TF1 ?

MichaĂ«l Pouchelet : Évidemment, Jean-Pierre Pernaut est notre meilleur ambassadeur, je crois. C’est un journal qui est extrĂȘmement suivi et on a pu voir immĂ©diatement avec tous les outils Google en temps rĂ©el le nombre de connexions simultanĂ©es et l’explosion pour la premiĂšre fois des serveurs d’hĂ©bergement vis-Ă -vis du trafic qui Ă©tait sur site. Une chose qu’on n’aura pas forcĂ©ment pensĂ©e au dĂ©part.

On n’était pas Ă©quipĂ© pour la route. On avait financĂ© nous-mĂȘmes la mise en place de cette plateforme. On a investi Ă  peu prĂšs de 125 000 euros qu’on a terminĂ© de payer le mois dernier en crĂ©dit Ă  la banque.

Olivier Roland : 4 ans aprÚs alors.

MichaĂ«l Pouchelet : Oui, c’est ça. Et puis trĂšs rapidement, on s’est trouvé 

Nous, on a fait le tour de tous les fonds d’investissement, on a Ă©tĂ© trĂšs vite accompagnĂ© malgrĂ© tout par le groupe Deloitte je pense par exemple qui se trouve Ă  Lille et qui accompagne des jeunes startups en recherche de levĂ©es de fonds.

On a rencontrĂ© tout un tas de structures et la rĂ©ponse Ă©tait la mĂȘme pour tous : « early stage ». Ok, mais c’est trop tĂŽt, allez dĂ©velopper autant de dizaines de milliers de chiffres d’affaires et ensuite on arrive.

C’est bien gentil, mais on regardait toutes les autres startups qui elles n’avaient pas fait ça et puis on a trĂšs vite compris.

Certains avaient perdu certains fonds d’investissement. Business Angel avait perdu Ă©normĂ©ment d’argent en suivant ces startups qui avaient besoin de dĂ©penser beaucoup d’argent pour faire de l’acquisition de trafic pour, ensuite, espĂ©rer pouvoir gĂ©nĂ©rer du chiffre d’affaires.

Olivier Roland : Oui. Dans mon monde justement, ce que je rĂ©pĂšte souvent Ă  mon audience, c’est que finalement la publicitĂ©, c’est extrĂȘmement difficile d’en vivre parce qu’il faut avoir un trafic gigantesque pour que ça soit rentable. MĂȘme il y a des youtubeurs qui ont des millions de vues et ils ne gagnent que quelques milliers d’euros par mois par exemple.

Le business model que j’enseigne et que je pratique moi-mĂȘme, c’est plutĂŽt de vendre des produits directement Ă  son audience qui n’est pas toujours faisable en fonction du modĂšle initial.

Je connais bien la difficultĂ© de pouvoir gĂ©nĂ©rer un chiffre d’affaires important Ă  partir la publicitĂ©, c’est vraiment loin d’ĂȘtre acquis.

Ça, c’est intĂ©ressant. C’est le premier projet qui a fonctionnĂ©, on va y revenir. Mais comment vous ĂȘtes arrivĂ©s Ă  ça ? Qu’est-ce que tu faisais avant ?

MichaĂ«l Pouchelet : J’ai un parcours un peu atypique. C’est d’ailleurs certainement une des raisons pour lesquelles on s’est tous rencontrĂ©s au re.start awards parce que pour le petit clin d’Ɠil et ensuite pour rĂ©pondre Ă  ta question, en amont de cette soirĂ©e des re.start awards qui a eu lieu le jeudi, on s’est vus nous, on s’est retrouvĂ© le mercredi la veille quelque part sur Paris, et je me rappelle que c’est une des seules soirĂ©es oĂč je suis arrivĂ© en connaissant le prĂ©nom de tout le monde parce que prĂ©alablement il y avait les vidĂ©os de chacun qui Ă©tait passĂ©. Et sans se connaĂźtre, sans avoir discutĂ©, sans mĂȘme pouvoir reconnaĂźtre le son de la voix de l’un ou de l’autre, on savait dĂ©jĂ  plus ou moins tous qu’on avait vĂ©cu quelque chose de similaire et j’ai trouvĂ© cela trĂšs intĂ©ressant humainement parlant.

Je tenais Ă  le dire parce que ça a Ă©tĂ© un des trucs trĂšs particuliers. J’ai Ă©tĂ© capable de donner le prĂ©nom de tout le monde parce que j’avais plus ou moins vu les vidĂ©os de chacun. Donc, ça, c’Ă©tait un vrai moment trĂšs sympa.

Olivier Roland : Et tu as senti une connexion aussi.

MichaĂ«l Pouchelet : J’ai senti une connexion, ça a Ă©tĂ© le cas avec plein de monde, mais on n’a pas pu discuter malheureusement avec tout le monde. Mais aujourd’hui, je pense que l’aventure continuera. On est les premiers re.start awardĂ©s, primĂ©s ou pas primĂ©s, mais en tout cas, on a un point commun et j’ai trouvĂ© ça trĂšs rigolo.

Mon histoire Ă  moi est liĂ©e Ă  une vie au niveau de mes parents qui, Ă  un moment donnĂ©, comme beaucoup de parents malheureusement se sont sĂ©parĂ©s. Eux travaillent dans la communication, c’est pour ça que je suis arrivĂ© aussi par la suite.

Puis lĂ  oĂč j’aurais dĂ» faire une Ă©cole peut-ĂȘtre plutĂŽt orientĂ©e audiovisuelle, spectacle parce que c’Ă©tait vraiment mon truc, j’avais envie de faire ça, je me retrouve dans un lycĂ©e sur Nevers qui est ma rĂ©gion d’origine dans la NiĂšvre dans le 58, mais plutĂŽt un lycĂ©e pas technique mais c’Ă©tait gĂ©nie Ă©lectrotechnique si tant est que gĂ©nie n’était peut-ĂȘtre pas fait pour moi dĂšs le dĂ©part.

Bref, quelque chose qui ne me correspondait pas.

Et trĂšs vite, avec trois copains, on s’est dit qu’on a envie quand mĂȘme Ă  un moment donnĂ© de vivre notre passion et si on ne peut pas la vivre Ă  travers ce qu’on nous fait comme Ă©tudes, on va crĂ©er une association. Puis, cette premiĂšre association s’appelait Kvrac, kamikaze en vrac. Ça voulait dire : vidĂ©o – rĂ©alisation – audio – comĂ©die.

Ça a Ă©tĂ© un premier dĂ©fouloir, une maniĂšre de s’exprimer. TrĂšs vite, cette association, on a su faire du court mĂ©trage, participer Ă  des Ă©vĂ©nementiels, crĂ©er des Ă©vĂ©nements autour des premiĂšres de cinĂ©ma en commençant Ă  avoir quelques contacts auprĂšs de rĂ©alisateurs et acteurs qu’on faisait descendre sur Nevers pour prĂ©senter leur film.

Puis pour pouvoir assumer cette promotion « locale », j’avais dĂ©cidĂ© de faire un partenariat avec BM et AUDI. J’étais allĂ© chez eux, les concessions BM et AUDI de Nevers en leur disant : « Il y a tel acteur, tel rĂ©alisateur qui descend Ă  tel moment, est-ce que vous ĂȘtes prĂȘts Ă  prĂȘter une bagnole. La contrepartie, c’est la photo avec l’acteur, le rĂ©alisateur et aussi le remerciement dans le journal local. »

Ce qu’ils ont fait, ils ont acceptĂ©. J’avais 18 ans et quelques mois.

Ils ont acceptĂ©. Puis, Ă  chaque fois, ils me prĂȘtaient des vĂ©hicules comme ça, c’Ă©tait plutĂŽt rigolo d’arriver avec le A derriĂšre la voiture, ce genre de voiture en tout cas, cette histoire de berline un peu importe. Mais c’Ă©tait des moments vraiment diffĂ©rents.

Puis arrive le moment du Bac malheureusement, les choses n’ont pas Ă©tĂ© positives parce que ce n’Ă©tait pas vraiment ma partie.

Olivier Roland : Tu as la chance de rater tes études alors.

MichaĂ«l Pouchelet : J’ai eu la chance de rater mes Ă©tudes, certainement un peu de rĂ©silience, l’échec scolaire, c’Ă©tait ça dans la catĂ©gorie.

Puis au final, il y a Ă  ce moment-lĂ  par connaissance mutuelle un chef d’entreprise qui se fait retirer son permis. Il se trouve qu’il a une BM ou une AUDI Ă  ce moment-lĂ  et qu’il va voir la concession automobile en disant : « J’ai un problĂšme, je n’ai plus de permis pendant huit mois, comment je peux faire ? »

Par connaissance, on est mis en relation parce qu’il apprend que l’on prĂȘte rĂ©guliĂšrement des voitures de la concession, puis « il ne prend pas trop de risques Ă  me les laisser. »

Puis, il me dit : « Si ça t’intĂ©resse, je te propose d’ĂȘtre mon chauffeur le temps que je rĂ©cupĂšre mon permis, tu gardes les voitures et tout. »

« Ok, on y va »

Il Ă©tait un peu au courant que les Ă©tudes ne m’avaient pas forcĂ©ment passionnĂ© et que je n’Ă©tais pas sorti vainqueur de ce passage d’examen. Tout s’est construit autour de ça en fait.

AprĂšs les Ă©changes matin et soir en allant le chercher et en le ramenant Ă  l’agence, c’était : tu pourrais faire un bon commercial, et puis ensuite un commercial un peu plus responsable derriĂšre, une continuitĂ© Ă  un moment donnĂ© avec d’autres clients.

Je suis passĂ© par plein d’Ă©tapes. Je passais quand mĂȘme par une validation des acquis Ă  un moment donnĂ© parce que le but du jeu, c’était aussi de valider un niveau.

Olivier Roland : Donc, tu as rĂ©ussi quand mĂȘme Ă  avoir un diplĂŽme.

MichaĂ«l Pouchelet : J’ai quand mĂȘme fait une validation des acquis via un institut de force de vente trois ans aprĂšs. Et puis un jour, il y a quelqu’un que j’avais croisĂ© Ă  l’occasion des diffĂ©rents Ă©vĂ©nements, on avait travaillĂ© Ă  un moment donnĂ© avec les casinos, machines Ă  sous. Et puis le directeur marketing qui Ă©tait lĂ  lors des re.start awards, comme quoi les choses ne sont pas par hasard, m’interpelle et dit : « On cherche des gens pour travailler au casino, plutĂŽt profil technicien machine et des gens profil commercial, est-ce que ça te dit de venir ? »

La startup s’était arrĂȘtĂ©e, donc du coup, je me retrouve embringuĂ© dans un casino, machine Ă  sous, un domaine que je ne connaissais pas du tout oĂč le peu de connaissances que j’avais acquises lors de ce cursus gĂ©nie Ă©lectrotechnique ne m’ont absolument pas servi, mais oĂč j’ai pu me mettre en lien avec les clients, travailler avec eux, apprendre un peu plus sur la psychologie des individus, notamment face Ă  une machine Ă  sous, c’est trĂšs particulier.

Et puis de fil en aiguille, au bout d’un an et demi l’impression d’avoir fait le tour, je demande l’autorisation Ă  mon directeur de partir. Puis le directeur me dit, alors que j’avais 23 ans, qu’il refuse ma demande de bi-activitĂ©s. À l’Ă©poque, tu pouvais cumuler et un emploi salariĂ© aussi et commencer Ă  crĂ©er ta boĂźte. C’est ce que j’avais demandĂ©, je voulais crĂ©er dans l’évĂšnementiel.

Olivier Roland : Ce qui est d’ailleurs assez intelligent.

MichaĂ«l Pouchelet : Disons que l’avantage du casino, c’est comme tu travailles le soir et le week-end, tu peux axer soir et week-end et, du coup, la journĂ©e faire potentiellement un peu d’autres choses puisque tu es encore jeune.

Olivier Roland : Du coup, il ne croyait pas.

MichaĂ«l Pouchelet : Ce n’est pas qu’ils ne croyaient pas, c’est qu’il ne voulait pas que je m’en aille parce que j’avais mis des choses en place avec les clients, ça lui allait bien en plus, sauf que lui, il Ă©tait directeur rĂ©gional et bizarrement dans sa rĂ©gion, il avait aussi un casino Ă  Dunkerque.

Et il me propose Ă  ce moment-lĂ  un poste de membre du comitĂ© de direction, donc un poste Ă  responsabilitĂ©. Tu gĂšres l’intĂ©gralitĂ© d’un casino quand tu es dans tes heures de poste, tu as dans un casino un directeur gĂ©nĂ©ral et ensuite, tu as des membres du comitĂ© de direction qui gĂšre l’intĂ©gralitĂ© des services, le spectacle, le restaurant, machines Ă  sous et tout ce qui est autour de ça.

Tu es responsable de tout ce qui se passe pendant des heures de poste et il me demande de choisir entre Cannes et Dunkerque.

Olivier Roland : Alors là, 99% des genres auraient choisi Cannes. Et toi, tu as fait quoi ?

MichaĂ«l Pouchelet : J’ai fait ce qui m’a semblĂ© tout de suite le plus basique, c’est-Ă -dire demander si le salaire Ă©tait le mĂȘme aux deux endroits ? La rĂ©ponse a Ă©tĂ© oui et ma rĂ©ponse a Ă©té : « Je ne vais pas attendre les 24 heures pour vous rĂ©pondre, je vais dire Dunkerque.

Olivier Roland : Parce que ?

MichaĂ«l Pouchelet : Parce que je connaissais Cannes dĂ©jĂ , ce n’Ă©tait pas ça. Maintenant, de toute façon, la vie d’aujourd’hui me dit que j’ai bien fait.

Non, parce que simplement beaucoup de gens de Dunkerque qui Ă©taient eux aussi venus dans mon casino, c’est beaucoup de mouvements dans les casinos et de promotions comme ça.

Et puis dĂšs le premier jour oĂč ils sont arrivĂ©s, je me suis tout de suite entendu avec eux. Ils me parlaient du tempĂ©rament des Dunkerquois, ils me parlaient de carnaval, ils me parlaient de tout ça. Ils ne m’ont absolument pas parlĂ© de la mĂ©tĂ©o, mais je m’en doutais un peu.

La dĂ©cision Ă©tait prise de dire : « Ok, je pars Ă  Dunkerque, je n’ai pas forcĂ©ment d’attache ». Je n’Ă©tais pas ancrĂ© lĂ -bas, j’ai 23 ans, j’avais tout devant moi.

Et donc sur les bons conseils de la personne qui m’avait recrutĂ© en marketing, Olivier, qui m’a dit : « Vas-y go, tu ne rĂ©flĂ©chis pas, tu y vas », j’ai fini Ă  Dunkerque en septembre 2005.

Un an et demi aprĂšs, j’ai refait la mĂȘme Ă  mon directeur en lui disant cette fois-ci, je me mets en bi-activitĂ©s, je crĂ©e vraiment ma boĂźte. J’avais 25 ans.

En dĂ©cembre 2007, je crĂ©e ma premiĂšre agence de com Ă  Dunkerque que je dirige jusqu’en avril 2014. Puis entre-temps est arrivĂ© Ecobrico. C’est pour la compĂ©tence com qu’on est venu me chercher sur Ecobrico.

Olivier Roland : Ce n’est pas toi qui as eu l’idĂ©e Ă  la base, c’est ton partenaire.

MichaĂ«l Pouchelet : C’est ça, c’est Laurent qui en fait a identifiĂ© cette problĂ©matique-lĂ .

A la base, il s’était posĂ© la question de savoir si le site ne devait pas s’appeler « il me reste », parce que c’Ă©tait un peu ça, c’Ă©tait un peu l’intention.

Puis quand on en a parlĂ©, j’avais une approche collectivitĂ©s territoriales, les deux Ă©taient assez complĂ©mentaires. Lui avait vraiment une trĂšs bonne connaissance de tout ce qui est domaine du professionnel. On s’Ă©tait dit Ă  l’origine qu’il n’y avait pas impossibilitĂ© Ă  un moment donnĂ© que les deux soient mixĂ©s.

Bref, lui aussi a abandonnĂ© son poste qu’il avait Ă  l’Ă©poque, qu’il est arrivĂ© Ă  nĂ©gocier les choses pour pouvoir se lancer et s’intĂ©grer totalement.

Moi, j’avais un peu les deux au dĂ©part. Je gĂ©rais et l’agence et cette structure Ă  l’origine Ecobrico.

Olivier Roland : Ce qui est bien, c’est que cela faisait 7 ans que tu Ă©tais dĂ©jĂ  entrepreneur quand on t’a proposĂ© le poste de responsable. Mais ta boĂźte, tu l’as arrĂȘté ? Qu’est-ce que tu en as fait ?

MichaĂ«l Pouchelet : Je n’ai pas arrĂȘtĂ©, j’ai voulu continuer parce que malgrĂ© tout, j’avais des salariĂ©s dans cette boĂźte, puis on s’y attache aussi. A part une ou deux personnes, toutes celles qui avaient Ă©tĂ© embauchĂ©es avaient Ă©tĂ© Ă  un moment donnĂ© en stage dans la boĂźte.

Ce n’est pas une grosse entreprise, on Ă©tait cinq au maximum, mais c’Ă©tait des gens avec qui on avait crĂ©Ă© aussi autre chose, du lien. Et puis mĂȘme si je me lançais dans un projet, c’Ă©tait normal que l’aventure continue pour eux aussi.

Au dĂ©part, j’ai continuĂ© Ă  mener les deux de front. TrĂšs vite, je me suis dit que ça ne va pas ĂȘtre possible. J’ai cherchĂ© un repreneur pour dire de continuer l’activitĂ© et tout ça.

Et puis malheureusement, c’Ă©tait dĂ©jĂ  un peu compliquĂ© au niveau de la structure, j’ai une des piĂšces maĂźtresses qui ne se sentait pas de continuer avec les personnes pour reprendre, qui a prĂ©fĂ©rĂ© partir. Je ne peux pas lui en vouloir aujourd’hui, mais c’est vrai que du coup, la dĂ©cision a Ă©tĂ© prise Ă  un moment donnĂ© de dire : « DĂ©solĂ©, stop, on arrĂȘte lĂ  parce que ça ne devenait pas possible Ă  gĂ©rer humainement en tout cas pour moi. »

Olivier Roland : Et donc, tu l’as vendu ?

MichaĂ«l Pouchelet : Je l’ai arrĂȘtĂ©, j’ai dĂ©posĂ©. J’ai dĂ©posĂ© en avril 2014 le bilan de cette sociĂ©tĂ©-lĂ .

Olivier Roland : Alors qu’elle fonctionnait bien, c’est juste que tu ne te voyais pas faire les deux de front.

MichaĂ«l Pouchelet : Ce n’est jamais simple pour un dirigeant d’entreprise surtout dans le domaine de la communication. On a souvent une patte qui est Ă  travers nous et puis le territoire Dunkerque est trĂšs particulier Ă  travailler. C’est-Ă -dire que quand on est Dunkerquois ou quand on a Ă©tĂ© adoptĂ© par les corsaires Dunkerquois, c’est comme ça qu’ils se nomment, c’est vous. Ce n’est pas quelqu’un d’autre, ce n’est pas le chef de projet de l’agence


À partir du moment oĂč les gens nous voient moins, ils pensent moins Ă  nous.

Moi, j’ai des copains qui travaillent dans l’immobilier Ă  Dunkerque, pendant le carnaval, c’est la fĂȘte pendant trois mois. Mais pendant trois mois, tout le monde pense Ă  eux sur les biens immobiliers et tout ça. Les mecs font leur business pendant le carnaval autour d’un verre.

Ça ne joue pas d’un cĂŽtĂ© et d’un autre dans le bureau, c’est trĂšs particulier. Et en mĂȘme temps, c’est le charme de ce qui m’a fait rester Ă  Dunkerque parce que du coup, ça fait quand mĂȘme depuis 2005. C’est certainement ça qui m’a fait marier Ă  une Dunkerquoise aussi et avoir des enfants lĂ -bas.

C’Ă©tait tellement particulier. A partir du moment oĂč j’Ă©tais moins lĂ  et que j’Ă©tais aussi investi sur un autre projet qui a eu son moment « de gloire et de prĂ©sence » au niveau des mĂ©dias, les gens se disent peut-ĂȘtre qu’Ă  un moment donnĂ©, vous ĂȘtes moins lĂ  et ils ont plus de mal Ă  faire appel Ă  l’agence.

Olivier Roland : D’ailleurs juste une parenthĂšse parce que le carnaval de Dunkerque, peut-ĂȘtre que tout le monde ne connaĂźt pas, moi en tant que Lillois, je le connais de rĂ©putation parce que je suis allĂ© et une fois seulement, mais c’est vraiment un des carnavals les plus rĂ©putĂ©s de France comme Ă©tant le plus sauvagement joyeux, on va dire, trĂšs trĂšs carnaval, qu’on est vraiment dans l’esprit d’antan oĂč on se lĂąche, les hiĂ©rarchies sont effacĂ©es complĂštement et c’est un peu la folie.

MichaĂ«l Pouchelet : C’est la folie pendant 3 mois tous les week-ends, une joyeuse folie. Il faut le vivre au moins une fois dans sa vie.

J’organise rĂ©guliĂšrement des sĂ©minaires sur Dunkerque avec des gens avec qui je travaille aujourd’hui ou avec qui j’ai travaillĂ© Ă  l’Ă©poque pour les faire venir, leur faire dĂ©couvrir cette ambiance tellement particuliĂšre.

Et ce n’est pas un Dunkerquois qui le dit aujourd’hui, je n’Ă©tais pas du tout habituĂ© Ă  ça, j’Ă©tais dĂ©jĂ  un peu dans l’esprit fĂȘte. Mais c’est vrai que mĂȘme si avec l’Ăąge, au fur et Ă  mesure, on lĂšve un peu le pied, c’est les enfants qui prennent la suite et tout. C’est trĂšs rigolo quoi.

Olivier Roland : Oui. En tout cas franchement, si vous avez l’occasion d’y aller, allez-y, ça vaut vraiment le coup.

MichaĂ«l Pouchelet : C’est de janvier Ă  mars.

Olivier Roland : Et donc quand mĂȘme, tu as fait un all-in. LĂ , tu as arrĂȘtĂ© ta boĂźte, tu as investi 120 000 euros avec ton associĂ©, c’est ça ?

MichaĂ«l Pouchelet : Oui, c’est ça.

Olivier Roland : Ce n’est pas rien comme type de risque. Qu’est-ce qui vous a fait prendre ce risque-là ? Vous Ă©tiez vraiment persuadĂ© que ça allait fonctionner ? Vous avez dĂ©jĂ  fait un test qui donnait des rĂ©sultats ou c’est un peu la folie peut-ĂȘtre ?

MichaĂ«l Pouchelet : On Ă©tait vraiment persuadĂ© que ça fonctionnerait parce qu’au dĂ©part, comme toutes les idĂ©es, on les teste un peu autour de nous et puis, on nous dit : « oui, c’est gĂ©nial, c’est diffĂ©rent ». Puis, on voit les mĂ©dias qui commencent Ă  s’emballer autour de l’idĂ©e alors que le site n’était pas sorti, on se dit : « oui, ça va aller ».

On prend le risque, on fait prendre aussi indirectement le risque Ă  nos familles parce que c’est aussi ça. Quand une entreprise rĂ©ussit, j’ai toujours tendance Ă  dire que la rĂ©ussite est collective, l’Ă©chec est individuel.

Si on se plante, c’est qu’Ă  un moment donnĂ©, on a fait une erreur.

Tu fais des erreurs parce que du coup, j’ai mis aussi un peu de cĂŽtĂ© l’agence dunkerquoise au profit potentiellement de ces autres sujets oĂč on emmenait une machine et puis on rentre dans la machine et puis on suit le truc. On essaie de suivre le mouvement, on essaie de suivre les deux, on n’arrive plus Ă  suivre.

Il fallait se dire Ă  un moment donné : « Ok, on y va », parce que qu’est-ce qu’on fait quoi ? C’est comme les entrepreneurs, on saute en parachute, on verra aprĂšs comment on fait.

Et il fallait le faire parce qu’on y croyait, parce qu’on Ă©tait passĂ© de l’autre cĂŽtĂ©. Ce n’est pas juste le projet en disant : j’aimerais bien, on avait dĂ©jà


Laurent avait dĂ©jĂ  crĂ©Ă© des entreprises avant. Moi, je l’avais dĂ©jĂ  fait, je sais que je le ferais encore.

Donc, je pense qu’on l’a Ă  un moment donnĂ© ou pas aussi ce cĂŽtĂ© rĂ©silience, on a aussi ce point commun avec Laurent. C’est que Laurent aussi a un historique, c’Ă©tait un militaire, il a fait plusieurs zones de conflit Ă  l’Ă©poque. Donc, on a ce cĂŽtĂ© rĂ©silience je crois lui et moi qui nous est commun malgrĂ© nos diffĂ©rences sur le domaine d’activitĂ© dont on vient.

Oui, Ă©videmment, on s’est posĂ© la question. Oui, Ă©videmment, on en a parlĂ© Ă  nos Ă©pouses et on a eu des doutes. D’ailleurs si on n’avait pas de doute, on ne ferait pas, on ne ferait jamais.

On en a encore de temps en temps parce que quand on lance un projet, mĂȘme quand ça commence Ă  fonctionner ça part vite, on se pose toujours plein de questions.

LĂ , on dit ouf parce qu’en effet, il y a un mois, le prĂȘt initial s’est arrĂȘtĂ©.

Olivier Roland : Ça y est. Là, tu peux vraiment faire une croix là-dessus et tourner la page.

MichaĂ«l Pouchelet : Mais on peut au moins dĂ©jĂ  tourner cette page-lĂ  et y aller l’esprit un peu plus serein en tout cas.

Olivier Roland : Vous avez mis combien de temps à vous rendre compte qu’Ecobrico, ça n’allait pas marcher ?

MichaĂ«l Pouchelet : Une fois qu’on a fait la quasi-totalitĂ© des fonds d’investissement des business angels sur notre rĂ©gion, sur la rĂ©gion parisienne, sur Bordeaux et ainsi de suite, on avait une volontĂ© nous, c’Ă©tait de rester sur le territoire sur lequel on Ă©tait.

Il aurait Ă©tĂ© facile de choisir l’option de facilitĂ© et de se dire : « on va Ă  Eura Technologies Ă  Lille », grosses machines d’incubation de startups.

Mais nous, on avait fait un autre pari, c’est de se dire : « Attendez, Ă  Dunkerque aussi, il peut exister des choses. Ce n’est pas que de l’industrie, ce n’est pas que le carnaval. » Il faut faire d’autres choses.

On s’est dit Ă  un moment donné : en plus que de monter le projet quitte Ă  avoir essuyĂ© les plĂątres, autant que ça serve Ă  d’autres. Donc, on fait, on se tient un engagement, on essaie de rester ici et on essaie de se mobiliser et de dire qu’à un moment donnĂ©, on va emmener le train. On va ĂȘtre les premiers, c’était un peu l’intention.

Ça a Ă©tĂ© le cas. Mais trĂšs vite, au fur Ă  mesure qu’on voit le compte en banque baisser, obliger de remettre au pot et tout ça, on se dit : lĂ , il y a un problĂšme, il faut qu’on trouve une solution ou qu’on fasse un choix, mais un choix qui peut ĂȘtre lourd de consĂ©quences parce que mĂȘme s’il s’agit de 2 000 ou 2 500 euros par mois Ă  rembourser, on l’aurait traĂźnĂ© pendant les trois ans Ă  venir derriĂšre. Et c’est toujours ça qu’on a en moins sur la famille et tout ça.

Ce n’est pas facile. Il y a beaucoup de chefs d’entreprise malgrĂ© ces sommes petites parfois, par rapport Ă  certains, ce n’est pas un gros casse-gueule sur 120 000 euros. Ça fait quand mĂȘme pour certains une reprĂ©sentation d’une maison, petite, mais symboliquement pour les gens qui vivent avec nous, ce n’est pas toujours Ă©vident.

Olivier Roland : Oui, tout Ă  fait. Tu as vu ça quand tu n’avais plus d’argent sur le compte et vous vous ĂȘtes dit

Michaël Pouchelet : « On va avoir un problÚme ».

On va avoir un problĂšme et la solution n’est pas venue de nous. C’est une rencontre entre Laurent et le maire de Grande-Synthe qui se trouve sur le pĂ©rimĂštre communautaire, Damien CarĂȘme qui est un Ă©lu ex-Europe Ecologie-les Verts, on parle souvent de lui d’ailleurs aujourd’hui autour des questions migratoires et tout parce que c’est vrai que toute cette zone-lĂ  est un lieu de passage vis-Ă -vis pour atteindre l’Angleterre.

Damien CarĂȘme Ă©change avec Laurent aprĂšs un match de basket, on Ă©tait partenaire du basket de son club de basket. Et il dit : « j’aime bien l’approche d’Ecobrico, mais je vois un truc plus loin que ça, je voudrais que vous soyez en capacitĂ© d’adapter Ecobrico Ă  l’Ă©chelle de ma ville, aux couleurs de ma ville et puis en ouvrant les familles. »

Parce qu’il dit : « nous, les mairies, les collectivitĂ©s, on a une problĂ©matique, c’est la rĂ©ponse aux directives europĂ©ennes aussi. Il y a certaines directives europĂ©ennes qui nous disent qu’aujourd’hui, on doit mettre en place les actions pour rĂ©duire les dĂ©chets Ă  l’Ă©chelle des territoires et que c’est notre responsabilitĂ© et pas juste la responsabilitĂ© des Ă©co-organismes ou autres. »

Puis lĂ , du coup, ça fait tilt parce que la premiĂšre question, c’est de dire : « Ok, comment ça se passe ? Vous ĂȘtes prĂȘts Ă  payer un abonnement ? »

Il a dit : « oui, on va payer un abonnement, vous gérez la modération, vous gérez le truc ».

Et puis lĂ , il se dit : « ce qu’on a fait jusqu’Ă  maintenant n’est peut-ĂȘtre pas complĂštement empiĂ©tĂ©, par contre, c’est peut-ĂȘtre l’Ă©chelle en fait ».

C’est vrai que quand on travaille dans le web numĂ©rique, l’Ă©conomie numĂ©rique aujourd’hui, d’un point de vue technique, il n’y a pas de limite d’Ă©chelle.

eBay disait : il y a dans le monde le produit que vous recherchez, le Bon Coin l’a ramenĂ© en 2008 Ă  l’Ă©chelle du dĂ©partement, c’Ă©tait la clĂ© d’entrĂ©e pour entrer sur le site du Bon Coin. Qu’est-ce qui empĂȘchait que demain ces mĂȘmes systĂšmes internet puissent ĂȘtre un systĂšme hyper local d’Ă©change et de partage qui apporte un service aux usagers, mais en mĂȘme temps rĂ©pond Ă  des obligations rĂ©glementaires qu’ont les collectivitĂ©s territoriales et sur lesquelles en plus, elles sont prĂȘtes Ă  participer Ă  financer sur un principe d’abonnement ?

Et c’est nĂ© de lĂ  en fait.

On a eu Ecobrico dĂ©but 2014. Fin 2014, on a cet Ă©change qui se fait entre Laurent et Damien CarĂȘme. Et puis lĂ , on se dit : oui, il y a un truc Ă  creuser.

On garde la structure de ce qu’on a fait initialement, on revoit la moulinette. Par contre, on se dit : « Ok, on est prĂȘt Ă  mettre en place, on construit avec vous, on Ă©crit avec vous ». C’est pour ça d’ailleurs que le site s’appelle Ecomairie parce que c’est nĂ© d’une mairie aussi.

Et lĂ , le territoire tout entier, 220 000 habitants, les Ă©lus du territoire disent : « Ok, on construit ensemble et puis on teste ici et ensuite vous ĂȘtes en capacitĂ© de le proposer Ă  d’autres territoires ».

VoilĂ  comment il y a eu cette inversion.

Olivier Roland : C’est un vrai pivot.

MichaĂ«l Pouchelet : C’est un changement complet de modĂšle Ă©conomique. On aurait pu rester tĂȘtu et se dire : « Non, mais on arrivera Ă  lever des fonds » On aurait pu continuer sur la mĂȘme lignĂ©e. Au final, ce repositionnement-lĂ  nous permet de sortir en septembre 2015 le premier site Ă  l’Ă©chelle de la communautĂ© urbaine de Dunkerque, nous permet de remporter un premier prix en dĂ©cembre 2015, un prix des interconnectĂ©s qui est un prix rĂ©compensant les collectivitĂ©s territoriales autour notamment du numĂ©rique. Et puis vient s’enchaĂźner derriĂšre Ă  nouveau les reportages, les articles dans les presses spĂ©cialisĂ©es Ă  destination des collectivitĂ©s.

Olivier Roland : À nouveau.

MichaĂ«l Pouchelet : À nouveau, ça y est, on est reparti.

Et puis lĂ  derriĂšre, les premiers mois, premiers tests, des rĂ©sultats plutĂŽt positifs malgrĂ© au dĂ©part une application peu rĂ©duite de la collectivitĂ© en termes de communication. Mais en tout cas, on sentait dĂ©jĂ  quelque chose de beaucoup plus cohĂ©rent par rapport Ă  ce qu’on avait fait.

TrĂšs vite, on se dit : Ok, on va en chercher d’autres, on va chercher des diffĂ©rents.

Olivier Roland : Mais du coup, comme aussi dĂ©jĂ  gagner de l’argent avec ça ou ?

MichaĂ«l Pouchelet : Avec le premier abonnement. En tout cas, la collectivitĂ© nous octroyait Ă  l’Ă©poque une subvention pour mettre en place le dispositif.

Olivier Roland : D’accord. Donc, ça vous a renflouĂ©.

MichaĂ«l Pouchelet : Dans le cadre d’une co-construction d’un code d’un territoire d’expĂ©rimentation. C’était dans ce cadre-lĂ  qu’on a pu avoir une rallonge qui nous a permis de mettre les choses en place et ensuite de commencer Ă  commercialiser Ă  toutes les collectivitĂ©s de France le dispositif.

Olivier Roland : LĂ , vraiment vos clients, c’est les mairies.

MichaĂ«l Pouchelet : Nos clients aujourd’hui, on pensait Ă  l’origine que ce serait les mairies, on en a encore quelques-unes : Montreuil qui a Ă©tĂ© le deuxiĂšme territoire Ă  mettre en place le dispositif et Villejuif qui va prochainement le lancer.

Et en fait aujourd’hui, la compĂ©tence d’échelle, puisque c’est Ă  une de ces compĂ©tences-lĂ  qu’on rĂ©pond avec le dispositif, si je te vends ou je te donne mon reste de pot de peinture et que tu habites Ă  50 mĂštres de chez moi, il n’y a pas un pot de peinture que je vais amener en dĂ©chetterie. Ça reprĂ©sente des coĂ»ts de traitement au moins pour la collectivitĂ©, des coĂ»ts de ramassage et moins de pollution potentiellement que si toi aussi, tu vas acheter un pot de peinture et que tu vas aussi jeter la moitiĂ©.

 

 

 

 

On s’est juste positionnĂ© lĂ -dessus pour faire que ça rĂ©ponde et aux usagers et Ă  la collectivitĂ©. Et au final, c’est la communautĂ© de communes aujourd’hui, l’agglomĂ©ration, la mĂ©tropole qui a cette fameuse compĂ©tence dĂ©chets et qui peut notamment bĂ©nĂ©ficier de l’aide et de subventions dans certains cas de l’ADEME, dans certains cas des fonds europĂ©ens FEDER, voire des aides dĂ©partementales de certaines Ă©co-organismes pour financer la mise en place du dispositif et financer tous les outils de communication autour de ça.

Olivier Roland : Et du coup, vous avez aussi une licence annuelle pour pouvoir gérer les coûts et la maintenance.

MichaĂ«l Pouchelet : On a un systĂšme de licence qui est la mise en place du site, c’est valable une fois et puis, on a un systĂšme d’abonnement annuel.

Par exemple, Ă  Dunkerque, les 220 000 habitants, la licence, c’Ă©tait 1 500 euros la mise en place du site. DĂ©lai de rĂ©alisation : 24 heures.

Olivier Roland : Ce n’est pas cher 1 500 euros pour 200 000 personnes.

MichaĂ«l Pouchelet : Non, mais on a un squelette unique qui est duplicable Ă  l’infini.

On a gardĂ© ce squelette d’Ecobrico, on n’a pas tout recassĂ©. On a ouvert les familles d’objets, on a ouvert diffĂ©rentes options activables ou pas en fonction des dĂ©sirades politiques du territoire. Et puis derriĂšre ça, on a un abonnement annuel qui on va tout gĂ©rer : l’hĂ©bergement, la modĂ©ration, la gestion, la dĂ©claration dans le cadre des RGPD, notamment des donnĂ©es utilisateurs.

Et puis, tout un accompagnement sur la communication. Comment on travaille avec l’ensemble des acteurs, bailleurs sociaux, associations, acteurs rĂ©cupĂ©ration rĂ©emploi, EmmaĂŒs, la ressourcerie, la recyclerie.

Bref aujourd’hui, on parle d’un dispositif d’animation de territoire. A Dunkerque, ça coĂ»te 5 500 euros par an.

Olivier Roland : Ce n’est pas grand-chose.

MichaĂ«l Pouchelet : Ce n’est pas grand-chose pour 200 000 habitants.

Pourquoi ce forfait « si bas » ?

L’enjeu pour nous, ce n’Ă©tait pas d’aller chercher des centaines de milliers d’euros pour avoir peu de visibilitĂ© parce qu’une fois qu’on a cramĂ© « la cagnotte », derriĂšre, c’est : Ok, maintenant, on fait comment ?

On a eu un avantage, c’est comme on avait Ă©tĂ© Ă©chaudĂ© avant, le moindre euro qu’on avait, on l’a gĂ©rĂ© en bon pĂšre de famille. Ça, c’est Laurent qui dirait ça, je reprends ses mots.

On l’a gĂ©rĂ© en bon pĂšre de famille et on n’a pas fait n’importe quoi. On ne s’est pas dit qu’on avait le temps, on a mieux rĂ©flĂ©chir les choses. Du coup, on a plus Ă©conomisĂ©. On a mieux gĂ©rĂ© les choses et surtout tout ce qu’on signait, c’Ă©tait tout de suite beaucoup plus rentable parce que ce n’Ă©tait qu’une duplication du modĂšle.

Et ce forfait bas, c’Ă©tait : il vaut mieux avoir 300, 400 clients Ă  5 000 euros parce que ces 5 000 euros-lĂ  nous permettaient de rester dans un cadre trĂšs prĂ©cis de typologie de marchĂ© pour les collectivitĂ©s et qui est beaucoup moins rĂ©glementĂ© et n’oblige pas les collectivitĂ©s Ă  lancer des appels d’offres publics. Ce n’est pas les mĂȘmes dĂ©cisions.

Olivier Roland : C’est beaucoup plus fluide en fait.

Michaël Pouchelet : Exactement.

Olivier Roland : Ça Ă©vite aussi de crĂ©er une concurrence quasiment automatique parce que quand les gens voient les appels d’offres, ils vont proposer des choses.

MichaĂ«l Pouchelet : C’est ça, mĂȘme s’ils ne pourraient pas ĂȘtre sur la rĂ©alisation des 1 500 euros.

Olivier Roland : Parce que vous avez cette expérience.

Michaël Pouchelet : Exactement.

Olivier Roland : Donc ça, c’est intĂ©ressant parce que finalement vous ĂȘtes partis de cet Ă©chec de l’idĂ©e initiale et vous avez quand mĂȘme rĂ©ussi Ă  en tirer des choses plus facilement applicables dans votre nouveau business model. C’est vraiment un exemple typique de pivot dans une startup. Tu connais la mĂ©thodologie Lean Startup de Eric Ries ?

Michaël Pouchelet : Non.

Olivier Roland : Franchement, lis le bouquin qui s’appelle Lean Startup. C’est une mĂ©thodologie qui vient de la Silicon Valley et comme ce genre d’offre faisait de l’approche sans le savoir, tu as fait de Lean Startup sans le savoir, dans le sens oĂč une des caractĂ©ristiques de Lean Startup, c’est : on lance un projet le plus vite possible, on fait une expĂ©rience de terrain, lĂ  en l’occurrence avec le minimum de coĂ»t, d’argent et de temps, Ă  voir si ça a suivi ça. Mais surtout dĂšs qu’on voit que ça ne fonctionne pas, on pivote en essayant de trouver une autre maniĂšre de faire le business model en essayant d’atteindre l’objectif diffĂ©remment.

C’est vraiment intĂ©ressant d’avoir ton expĂ©rience oĂč finalement vous avez fait ça et c’est rigolo parce qu’en plus, non seulement la mairie paie, mais en plus, c’est aussi la collectivitĂ© qui va s’occuper de faire la pub. Ça vous enlĂšve une Ă©norme Ă©pine du pied.

MichaĂ«l Pouchelet : Elle va porter le projet, elle va apporter un service complĂ©mentaire aux acteurs prĂ©sents sur le territoire qui ont les mĂȘmes problĂ©matiques. Le bailleur social paie pour les dĂ©chets qui sont gĂ©nĂ©rĂ©s par ces habitants Ă  l’Ă©chelle de ces quartiers ou de ces immeubles.

C’est un vrai service public Ă  valeur ajoutĂ©e.

Ce n’est pas un service sur lequel on attribue des subventions et qui, demain, ne peut pas permettre de gĂ©nĂ©rer un moment donnĂ© un centime ou deux centimes d’Ă©conomies par habitant et par an. LĂ , on peut vraiment observer avec tout un tas d’outils aussi ce que ça a permis d’Ă©conomiser, combien de pots de peinture ont Ă©tĂ© vendus ou donnĂ©s grĂące au site, combien ont quand mĂȘme terminĂ© en dĂ©chetterie.

On sait localiser, quantifier Ă  n’importe quel moment des ressources sur un territoire et de se dire : tiens, ce meuble ou ces meubles ou tel objet, frigo, Ă©lectromĂ©nager qui se trouvent Ă  tel endroit, c’est du ressources Ă  enregistrer. Elle est prĂ©sente sur le site, Ă  qui elle peut bĂ©nĂ©ficier ?

Ça peut bĂ©nĂ©ficier Ă  des familles qui ont subi des inondations, ça peut bĂ©nĂ©ficier Ă  des familles qui ont subi des incendies, ça peut servir Ă  des gens bĂ©nĂ©ficiaires d’accompagnement et dette de la CAF, ça peut servir Ă  des Ă©tudiants qui arrivent sur des cursus scolaires.

On est vraiment sur un dispositif d’animation de territoire. Ce n’est plus du tout la mĂȘme vocation qu’un site national. LĂ , on est sur un site qui appartient Ă  la collectivitĂ©, qui porte le nom de la collectivitĂ©.

A OrlĂ©ans en mĂ©tropole par exemple, le site s’appelle « sauverunobjet.fr ».

Chaque site est différent, a son propre graphisme, son propre nom.

Olivier Roland : Mais c’est quand le mĂȘme module de base.

MichaĂ«l Pouchelet : Mais c’est quand mĂȘme la mĂȘme structure.

A Montauban, c’est « troc-voisins ». A Quimper, c’est « titroc.bzh », « mail-troc.fr ».

On est vraiment sur ces logiques-lĂ , le plus proche ici sur Montreuil qui maintenant a rejoint d’autres villes autour « troc-ensemble.fr ».

On est vraiment sur ces logiques d’échange. Mais Ă  chaque fois, c’est une plateforme qui ne peut ĂȘtre utilisĂ©e que par les habitants du territoire. Il faut avoir une adresse valide sur le pĂ©rimĂštre pour pouvoir vraiment extraire des donnĂ©es prĂ©cises et les fournir Ă  la collectivitĂ©.

Olivier Roland : Donc aujourd’hui, vous avez combien de collectivitĂ©s ?

MichaĂ«l Pouchelet : On a dĂ©passĂ© le cap des 130 collectivitĂ©s, on sera un peu plus de 200 collectivitĂ©s Ă  la fin du mois de novembre puisque tous les ans, on dĂ©marre une tournĂ©e en fin d’annĂ©e Ă  chaque fois entre septembre et fin novembre qui correspond Ă  la semaine europĂ©enne de rĂ©duction des dĂ©chets qui est un Ă©vĂ©nement trĂšs suivi en termes de mobilisation par les collectivitĂ©s territoriales.

Juste avant ça, le salon des maires de l’Ile-de-France, salon des maires national Ă  Paris oĂč nous serons Ă©galement prĂ©sents.

Donc lĂ , en ce moment, c’est beaucoup de salons, beaucoup d’interventions sur des confĂ©rences sur ces sujets-lĂ .

Et puis, il y a un autre truc aussi trĂšs intĂ©ressant lĂ -dessus, c’est que lĂ  oĂč Ă  l’Ă©poque, on avait une problĂ©matique pour trouver des investisseurs quand on a changĂ© de modĂšle. Quelques mois aprĂšs avoir changĂ© de modĂšles, trois, quatre mois aprĂšs, les mĂȘmes investisseurs qu’on avait rencontrĂ©s Ă  l’Ă©poque qui nous avaient dit : « c’est un peu tĂŽt, on ne viendra pas » sont revenus, certains.

Olivier Roland : Vous avez pu faire une levée de fonds alors.

MichaĂ«l Pouchelet : On a fait une levĂ©e de fonds, mais pas avec ce qu’on pensait Ă  l’origine. En fait, on a Ă©tĂ© interpellĂ© trĂšs vite par deux grands groupes qui travaillent autour du traitement des dĂ©chets, qui sont des groupes internationaux, qui nous ont dit : « vous avez fait un truc et ça nous intĂ©resse, il faut qu’on en parle. »

Donc aujourd’hui, on a un de ces 2 groupes internationaux qui est au capital de la startup, de maniĂšre minoritaire, qui va rester lĂ  puisqu’ils sont limitĂ©s en termes de pourcentage. Et Laurent et moi restons aujourd’hui les deux autres associĂ©s en plus de ce groupe-lĂ  et sommes en tournĂ©e dans toute la France.

On est en tournĂ©e depuis le dĂ©but de la rentrĂ©e septembre pour aller rencontrer toutes les collectivitĂ©s et dire : voilĂ  ce qui s’est passĂ© sur les 124, voilĂ  ce qu’on a fait, voilĂ  ce qu’on a obtenu, voilĂ  comment demain on peut aussi


Olivier Roland : Vous avez des vrais résultats à montrer, ça change tout.

MichaĂ«l Pouchelet : Oui, clairement, ce n’est plus du tout la mĂȘme donne.

Olivier Roland : Et puis, beaucoup déjà de preuves finalement.

MichaĂ«l Pouchelet : Puis, on a une visibilitĂ© parce que comme on est dans le cadre de certains marchĂ©s publics, on a certains contrats qui viennent d’ĂȘtre signĂ©s par exemple pour neuf ans.

Olivier Roland : C’est intĂ©ressant parce que ce n’est quand mĂȘme pas courant de voir une startup comme ça qui acquiert des clients institutionnels dans l’administration.

MichaĂ«l Pouchelet : On a une espĂšce de modĂšle un peu nationale qu’on pourra avoir liĂ© Ă  de la tĂ©lĂ©phonie ou Ă  de l’impression avec un Xerox, sur un Canon, mais Ă  une Ă©chelle de territoire.

On se rend compte aujourd’hui que dans beaucoup d’autres thĂ©matiques, la rĂ©duction du gaspillage alimentaire, le dĂ©veloppement Ă©conomique, tout devient Ă  des Ă©chelles de territoire. Et il y a beaucoup de modĂšles je pense qui se rĂ©adapteront autour de cette Ă©chelle trĂšs courte.

Ça demande du temps, ça demande une connaissance un peu des collectivitĂ©s, pas une connaissance relationnelle, mais une maniĂšre de travailler parce que les collectivitĂ©s sont trĂšs diffĂ©rentes Ă  travailler.

Mais on avait aussi cet avantage-lĂ , moi qui venais de la com et qui avais beaucoup travaillĂ© avec les collectivitĂ©s via mon agence, c’Ă©tait quelque chose de facile d’Ă©changer avec eux, en tout cas d’Ă©changĂ© entre semblable autour de ce projet-lĂ .

Olivier Roland : Ça t’a aidĂ© ton historique, effectivement.

Michaël Pouchelet : Clairement oui, tout à fait.

Olivier Roland : Et aujourd’hui, votre Ă©quipe, vous avez d’autres personnes qui travaillent avec vous ?

MichaĂ«l Pouchelet : Il n’y a pas si longtemps que ça, on Ă©tait deux, on est passĂ© Ă  trois. LĂ , on en a une quatriĂšme, un cinquiĂšme qui devrait arriver. On s’est engagĂ© Ă  avoir onze emplois crĂ©Ă©s fin d’annĂ©e prochaine.

Mais il faut comprendre que le premier site sorti en septembre 2015, il ne s’est rien passĂ© jusqu’Ă  septembre 2017 quasiment parce qu’en commençant la tournĂ©e, personne ne nous voyait arriver avec nos rĂ©fĂ©rences et tout ça et que rien qu’en fin de l’annĂ©e derniĂšre, on a signĂ© 54 collectivitĂ©s.

En fait, tout s’est accĂ©lĂ©rĂ© l’annĂ©e derniĂšre au mois de septembre. Il y a une Ă©chĂ©ance qui est arrivĂ©e entre-temps qui est une Ă©chĂ©ance rĂ©glementaire, c’Ă©tait la loi Notre qui est imposĂ©e aux collectivitĂ©s de fusionner. Et tant que la fusion n’Ă©tait pas faite, il y avait un gros frein, des trucs en disant : « ça nous intĂ©resse, on y va, mais attendons que le territoire soit Ă  nouveau fusionner ».

Ça, c’Ă©tait une obligation. La derniĂšre boucle loi Notre, c’Ă©tait janvier 2017.

Maintenant que les choses sont parties, on commence Ă  avoir les redondances d’abonnement. Et puis, tous les mois maintenant, on a des lancements de plateformes.

Olivier Roland : Super, est-ce que vous avez des clients Ă  l’extĂ©rieur de la France ?

MichaĂ«l Pouchelet : On commence Ă  avoir des interpellations. On a eu du cĂŽtĂ© de la province de Namur, on a eu du cĂŽtĂ© de la Bruxelles, il y a Ă  priori une prĂ©sentation qui a Ă©tĂ© faite par le partenaire Ă©videmment. Puis, dans Dunkerque, c’est le centre.

Olivier Roland : Oui, ça parait logique oui.

MichaĂ«l Pouchelet : Mais comme on rĂ©pond Ă  des directives europĂ©ennes, oui, on pourrait trĂšs facilement demain dupliquer la solution mise Ă  part quelques barriĂšres pour l’instant de la langue qui serait actuellement Ă  corriger. Mais cela fait partie des intentions de demain de dupliquer le modĂšle parce qu’il est duplicable Ă  l’infini.

Et puis, c’est un modĂšle qui est pĂ©renne, les usagers ne vont pas changer du jour au lendemain leur comportement vis-Ă -vis des dĂ©chets. Tant qu’ils ne comprendront pas l’intĂ©rĂȘt pour eux de rĂ©duire leurs dĂ©chets et que l’impact sur l’environnement ne se verra pas dans leur jardin, il n’y aura pas de prise de conscience.

Peut-ĂȘtre qu’il sera un peu trop tard quand ça arrivera, ce sont des discours pas fatalistes, mais c’est vrai que moi-mĂȘme, je n’Ă©tais pas forcĂ©ment trĂšs au point et trĂšs sensible Ă  ces questions-lĂ , je le suis devenu en travaillant sur cette thĂ©matique-lĂ . J’aurais du mal d’ailleurs Ă  travailler maintenant dans d’autres thĂ©matiques. En tout cas, une thĂ©matique qui cerne Ă  l’intĂ©rĂȘt commun collectif.

Olivier Roland : Tu as réussi à trouver quelque chose qui est à la fois un projet passionnant et qui est aligné avec tes valeurs, qui est une mission.

MichaĂ«l Pouchelet : Oui, c’est ça. On ne vend pas les dispositifs Ecomairie. Quand on va dans une collectivitĂ©, on n’est pas des commerciaux qui veulent vendre une option Ă  tout prix Ă  un restaurateur, sans citer d’exemple particulier.

On arrive, on dit : « voilĂ  ce qu’on a fait sur des territoires, voilĂ  ce qu’on a pu obtenir comme rĂ©sultat et voilĂ  demain comment on vous propose de faire pareil sur le vĂŽtre ».

MĂȘme pour eux, c’est quelque chose de diffĂ©rent. On n’est pas sur du message politique droite, gauche, centre, peu importe, on est sur une philosophie de comment on fait rencontrer de l’humain, comment on fait en sorte que des voisins recrĂ©ent du lien parce que c’est ça aussi, il n’y a pas seulement la notion de rĂ©duction des dĂ©chets, il y a aussi la notion du lien social Ă  l’Ă©chelle du territoire parce que ça aussi, c’est un enjeu pour les collectivitĂ©s.

Et malgrĂ© tout, il y a aussi un enjeu d’Ă©conomies : les baisses de dotation de l’Ă©tat, la suppression progressive de la taxe d’habitation pour certains foyers.

Tout ça, c’est des ressources en moins que vont avoir les collectivitĂ©s et il faut trouver en permanence des sources d’Ă©conomies.

C’est trĂšs certainement aussi ce qui a attirĂ© l’attention de ce fameux groupe qui aujourd’hui, est au capital de la startup.

Sans ce repositionnement, on n’aurait pas dĂ©veloppĂ© comme on l’a aujourd’hui, on n’aurait pas une vision d’avenir Ă  moyen terme intĂ©ressante et on n’aurait jamais trouvĂ© de partenaires pour pouvoir le faire.

VoilĂ  comment une biĂšre un soir de match de basket avec le maire de Grande-Synthe Damien CarĂȘme qu’on considĂšre un peu comme le troisiĂšme papa peut tout changer et comment Laurent Ă  ce moment-lĂ  a Ă©tĂ© attentif Ă  ça et il s’est dit que c’est lĂ -dessus qu’il faut aller.

Donc, il n’y a pas de hasard. On l’a provoquĂ© indirectement, mais on lĂšvera les bras quand on aura passĂ© la ligne d’arrivĂ©e, mais il y a encore de belles choses Ă  faire devant nous.

Olivier Roland : Et les Dom-Tom ?

Michaël Pouchelet : On les a rencontrés sur plusieurs salons.

LĂ , il n’y a pas question de barriĂšre de la langue, mais en Ă©tant en moyenne Ă  6 000 km par mois. Pour moi et Laurent, il y a pas mal d’heures d’avion.

Olivier Roland : Parce qu’il faut que vous alliez sur place ?

Michaël Pouchelet : On part toutes les semaines rencontrer les collectivités.

Olivier Roland : C’est important, d’accord.

MichaĂ«l Pouchelet : Oui, c’est important parce qu’on est encore un peu Ă  l’ancienne malgrĂ© tout. On a encore beaucoup de politiques qui aiment qu’on vienne leur prĂ©senter une fois, deux fois, trois fois lors d’un conseil communautaire.

Olivier Roland : Pour la Guadeloupe ou La RĂ©union, c’est compliquĂ© quand mĂȘme.

MichaĂ«l Pouchelet : Ça peut ĂȘtre un peu compliquĂ©. LĂ  aujourd’hui, on s’est dispatchĂ© les 13 rĂ©gions avec Laurent et puis, Dunkerque aujourd’hui, on y est encore et c’est encore notre volontĂ© de mettre en avant d’ailleurs un label qui est sorti suite Ă  notre aventure qui s’appelle « Start’In Dunkerque », parce qu’avec une toute une logique d’incubation et d’incubateur de startups qui se crĂ©e lĂ -bas, ce n’est quand mĂȘme pas trĂšs central par rapport Ă  la France, un peu plus par rapport Ă  l’Europe Ă©ventuellement.

Mais donc aujourd’hui, on est toujours en mode : on va prĂ©senter, on fait la tournĂ©e.

On a tenu nous les fondateurs Ă  garder cette main encore lĂ -dessus parce qu’encore une fois, on ne va pas vendre quelque chose, on va faire partager une expĂ©rience de co-construction et une expĂ©rience de territoire avec eux.

Olivier Roland : Merci d’avoir partagĂ© ton parcours et toute la genĂšse de votre idĂ©e, de votre projet. C’est vraiment super.

Il y a une question que j’aime beaucoup poser aux entrepreneurs : Est-ce qu’il y a quelque chose que la plupart des gens pensent et avec laquelle tu n’es pas d’accord ? Ou quelque chose que tu fais et avec laquelle la plupart des gens ne sont pas d’accord ? Ou est-ce que tu as une maniĂšre peut-ĂȘtre parfois de penser un peu de maniĂšre contraire et qui t’a aidĂ©e dans ton parcours d’entrepreneur ?

MichaĂ«l Pouchelet : C’est une trĂšs bonne question.

Il y a diffĂ©rents profils d’entrepreneurs.

Il y a, je le disais tout Ă  l’heure, le profil d’entrepreneur bon pĂšre de famille parce qu’il y a Ă  un moment donnĂ© une rĂ©alitĂ© Ă©conomique sur laquelle il faut ĂȘtre trĂšs vigilant. La rĂ©alitĂ© Ă©conomique de l’entreprise est souvent liĂ©e Ă  la rĂ©alitĂ© Ă©conomique aussi de son propre foyer ou sa famille.

Et puis, il y a aussi ce cĂŽtĂ© un peu dĂ©calĂ©. Ça peut ĂȘtre un peu plus mon cas le cĂŽtĂ© trĂšs dĂ©calĂ© qui permet aussi de pouvoir Ă©vacuer le stress qu’on ne partage pas fonciĂšrement parce que plutĂŽt on est chez soi le soir et le week-end, on ramĂšne du stress Ă  la maison, on ne profite plus de rien.

Moi, je vois trĂšs peu mes enfants et ma femme heureusement a toute la semaine, elle s’en occupe. Mais moi, quand je suis parti en dĂ©placement, je ne peux rien faire par rapport Ă  ça.

Si ça en plus pour rentrer le soir ou le week-end et de stresser et tout ça, il y a besoin d’un dĂ©fouloir. Donc, ce n’est pas toujours bien perçu de se dire : je travaille avec les collectivitĂ©s, mais en mĂȘme temps, il y a un cĂŽtĂ© parfois trĂšs dĂ©calĂ©, trĂšs fun, c’est juste un dĂ©fouloir.

Et ça, elles ont un peu du mal Ă  ça et je pense que c’est aussi peut-ĂȘtre ce qui nous a sauvĂ©s. On aurait trĂšs bien pu se dire : « on s’enterre et on continue dans le truc ».

Ce cĂŽtĂ© dĂ©calĂ© permet aussi souvent de se remettre en question, d’imaginer plein de choses, d’écrire plein de scĂ©narios et de se dire trĂšs vite : on ne rĂ©flĂ©chit pas si on a une ceinture de sĂ©curitĂ©, on fonce.

Olivier Roland : Donc, c’est la capacitĂ© Ă  prendre des risques, ĂȘtre combatif, explorer le chemin de traverse.

MichaĂ«l Pouchelet : Je pense que c’est ça. Et c’est peut-ĂȘtre liĂ© Ă  l’Ăąge. Au final, j’ai 36 ans, donc voilĂ , mais Laurent en a 46. Donc, il y a deux profils pĂšre de famille parce que 46, parce que plus l’historique, des enfants plus grands, des Ă©tudes qui arrivent pour eux, donc une vision diffĂ©rente, une approche diffĂ©rente dans l’entreprise.

Moi, je l’ai moins. Mais au final, malgrĂ© nos diffĂ©rences, les deux sont trĂšs complĂ©mentaires et elles peuvent en effet permettre de faire encore plus Ă©voluer l’entreprise parce qu’il y a quelqu’un qui rĂ©flĂ©chit un peu et qui fonce, et puis quelqu’un qui ralentit parce qu’il prend le recul et parce qu’il a aussi ce retour d’expĂ©rience nĂ©cessaire.

Donc, je crois que c’est ça, oui. Sur les crĂ©ateurs d’entreprise, ce serait ça.

Olivier Roland : Pour les gens qui ont peut-ĂȘtre envie de se lancer dans l’entrepreneuriat, est-ce que tu auras un conseil Ă  leur donner ?

MichaĂ«l Pouchelet : Si je devais conseiller sur une crĂ©ation d’entreprise, parfois les idĂ©es les plus folles sont les meilleures.

Ne jamais oublier qu’on ne se lance pas tout seul, on emmĂšne tout le monde avec nous. Ça va ĂȘtre nos premiers confidents, ça va ĂȘtre aussi ceux qui vont ĂȘtre lĂ  pour nous aider.

Ne jamais rester seul, ne jamais s’isoler.

Il y a plein de gens qui se disent : « j’ai une super idĂ©e, je ne la partage avec personne ». C’est une grave erreur, ce n’est pas comme ça qu’on fait avancer les choses.

Donc, il faut y aller. Il y a plein de structures d’accompagnement aujourd’hui qui sont lĂ  pour diriger et accompagner, peu importe la taille de projet.

Il ne faut rien s’interdire. Il faut juste y aller, bien s’entourer et croire parce que si on ne croit pas au projet et si ceux qui vivent avec nous ne croient pas en nous, Ă  un moment donnĂ©, quelque chose va partir de travers et ça ne va pas le faire.

Olivier Roland : Super, merci beaucoup d’avoir partagĂ© tout cela MichaĂ«l.

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