2ème passage télé : la gestion de l’échec et l’éducation des entrepreneurs (173/365)

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A 18 ans, j’ai décidé de quitter l’école pour créer ma première entreprise. Je n’avais qu’une envie : être libre. Après avoir surmonté de nombreux obstacles, j’ai réussi à mettre mon entreprise au service de ma vie, plutôt que d’avoir une vie au service de l’entreprise… Aujourd’hui, je voyage 6 mois par an et j’inspire des milliers d’entrepreneurs et de créateurs à être plus libres et plus heureux.

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Transcription texte (littérale) de la vidéo « 2ème passage télé : la gestion de l’échec et l’éducation des entrepreneurs (173/365) » :

J’ai le plaisir de partager avec vous ma deuxième apparition télé par rapport à mon livre « Tout le monde n’a pas eu la chance de rater ses études ».

Tout comme la première apparition télé, celle-ci a lieu sur BFM TV. Et contrairement à la première, ça s’est mieux passé puisque la première n’a duré que quelques minutes. Le journaliste n’avait pas lu le livre. Donc, il a posé les questions comme il pouvait.

Là, j’ai eu droit à 30 minutes d’émission focalisée sur le livre.

Je n’étais pas le seul. Il y avait un autre invité, Sylvain Tillon, qui est auteur aussi et qui a écrit un livre « 100 conseils pratiques pour couler sa boîte ».

C’était une très belle rencontre puisque Sylvain est un startupeur qui a beaucoup d’expériences dans l’entreprenariat et qui, en plus, a des startups dans le domaine de l’apprentissage en ligne notamment.

On avait pas mal de choses à dire sur le sujet de l’éducation dans la société de manière générale et pour les entrepreneurs.

C’est l’émission « La parole aux auteurs » qui était présentée par Emmanuel Lechypre.

Il avait lu le livre, pas en entier mais déjà pas mal, et il a posé des questions ultra pertinentes.

Avec sa permission, je partage cette émission.

 

Emmanuel Lechypre : Une question lancinante aujourd’hui dans la librairie de l’Éco : Pourquoi la France est-elle le pays de l’échec interdit, le pays qui moins que les autres offre une deuxième chance à ceux qui ont loupé la première ? Et puis, comment se relever lorsqu’on a trébuché ?

Autant de questions qui vont trouver des réponses avec nos deux invités dont le premier est Olivier Roland qui est entrepreneur, blogueur, conférencier. Vous publiez « Tout le monde n’a pas eu la chance de rater ses études » aux éditions ALISIO.

Notre deuxième invité est Sylvain Tillon qui est le fondateur de Tilkee qu’on connait parce que vous avez participé à la BFM Académie, n’est-ce pas ?

Sylvain Tillon : La dernière saison, oui.

Emmanuel Lechypre : Exactement.

Donc, vous avez fondé ces deux entreprises et vous publiez avec Thomas Pons « 100 conseils pratiques pour couler sa boîte », et c’est chez Eyrolles.

D’abord, une question pour tous les deux : pourquoi est-ce que la France ne tolère pas l’échec ? A quoi c’est dû ? Est-ce que c’est par rapport aux risques ? Est-ce que c’est culturel ?

Pourquoi c’est presque honteux en France d’échouer, de se planter ?

Sylvain Tillon : Je pense que c’est culturel ou en rapport à la justice. Il ne faut pas oublier que l’entrepreneur est un voyou.

Quand il réussit, c’est un voyou. Quand il échoue, c’est aussi un voyou. C’est aussi qu’il a piqué dans la caisse.

Histoire vraie, j’arrivais chez le liquidateur avec mes cartons de compta. J’ai 5 salariés. Je mettais sur le carreau. Ce n’est pas facile 6 ans de vie…

Emmanuel Lechypre : Avant de réussir, il faut dire que vous vous êtes aussi planté ?

Sylvain Tillon : Oui, le tribunal. Le total, jusqu’au bout : procédure collective.

Et vous arrivez chez vos liquidateurs avec vos cartons de compta, et il vous dit : Monsieur Tillon, je sais que vous avez recréé une nouvelle boîte. Si je vous pose une question, je veux une réponse dans les 24 heures. Sinon, je vous mets en interdiction de gérer.

En gros, vous êtes fraudeur. Vous avez planté votre boîte, vous avez une chance sur deux de …

Emmanuel Lechypre : Vous êtes des gens dangereux qu’il faut empêcher de sévir en fait. C’est ça ?

Sylvain Tillon : C’est comme ça que j’ai ressenti l’échange. Je l’ai dit un an après, une fois que tout a été propre et que tout allait bien. Mais on n’est pas bien vu.

Et socialement, autant l’entrepreneur, c’est rigolo tant que ça marche à peu près. Quand il plante, il n’y a plus grand monde autour de lui.

Emmanuel Lechypre : L’éducation aussi peut-être, non ?

On n’est pas dans un système éducatif où ce qui compte, c’est le diplôme que vous obtenez à 20 ans et ça assure la rente, qui va faire toute votre carrière, toute votre vie.

Sylvain Tillon : C’est encore la vision et le cas de nos parents, beaucoup.

Je pense qu’ils sont rassurés par un salaire, une voie royale dans une grande entreprise où on essaie de gravir les échelons, et qu’entrepreneurial reste très incertain. Pour eux, c’est presque normal qu’on se plante.

Moi, c’était la première réaction. « Tu vois, on te l’avait dit ».

Et pourtant, j’ai récréé derrière parce que je ne voulais pas faire autre chose.

Emmanuel Lechypre : Fréderic Mazzella qui est le fondateur de BlaBlaCar raconte que ses parents qui étaient enseignants, quand il a dit qu’il montait une boîte, se sont interrogés pendant des semaines pour savoir ce qu’ils avaient raté dans l’éducation de leurs fils pour qu’il ne veuille pas après les bonnes études qu’il avait faites embrasser une carrière tranquille de « salarié ».

Sylvain Tillon : C’est une question de réussite sociale.

Devenir cadre dans une grande entreprise est encore vu comme à moins de réussir.

Devenir entrepreneur qui a réussi, on a d’autres éléments que le poste, les cartes de visite ou le salaire.

On a aussi nos plaisirs au quotidien qui n’est pas toujours compris de nos parents qui n’ont pas recherché ça.

Emmanuel Lechypre : Donc, on attaque avec vos livres.

Olivier Roland, dans votre livre « Tout le monde n’a pas eu la chance de rater ses études » comme le dit le titre, vous commencez d’abord partout une partie consacrée à l’éducation.

Vous êtes très sévère avec le système éducatif français. Vous dites : on est encore sur un système qui vit sur des bases établies au XIXe siècle.

Qu’est-ce que vous reprochez exactement à notre système éducatif ?

Olivier Roland : Beaucoup de choses à reprocher.

Pour déjà parler de choses concrètes et spécifiques, pour moi le plus aberrant, c’est qu’on peut passer 20 ans de sa vie ou plus sur les bancs de l’école, on ne nous apprend jamais à apprendre. Comment vous expliquez ça ?

Je trouve cela complètement aberrant.

Et le fait est qu’aujourd’hui au XXIe siècle, il y a des compétences qui deviennent de plus en plus importantes et qui ne l’étaient pas forcément il y a 100 ou 150 ans quand le système scolaire actuel s’est mis en place, comme cette capacité à apprendre en permanence tout au long de sa vie puisqu’on est dans un monde qui évolue de plus en plus vite.

L’école ne peut plus prétendre nous enseigner un savoir cristallisé qui suffit pour le reste de notre vie. Il y a justement la créativité, la souplesse, l’adaptation et même cet état d’esprit entrepreneurial parce que je pense qu’on est dans une société où il y aura une place de plus en plus grande qui sera donnée aux entrepreneurs.

Ce qui pose problème finalement, c’est que l’entrepreneur est souvent seul y compris au niveau de son entourage et de sa famille parce que ce n’est pas un métier qui est encore très répandu. Mais je pense que ça va être un métier qui va être amené à évoquer de plus en plus. Il y aura de plus en plus de Uber dans tous les domaines, et on va demander aux gens d’être de plus en plus indépendants.

Et l’école, aujourd’hui, fait un très mauvais job pour enseigner ses compétences d’autonomie, de responsabilisation et de créativité.

Emmanuel Lechypre : Justement, vous les conseillez pour « hacker » son éducation, apprendre ce qu’on ne nous apprend jamais. Donc, vous dites : il faut travailler sa mémoire, travailler sa concentration, sa volonté, sa motivation.

Olivier Roland : Oui. Aujourd’hui, ça fait déjà 20 ans que la science s’intéresse au moyen de booster sa volonté.

Emmanuel Lechypre : Mais comment on fait pour booster sa volonté ?

Olivier Roland : Il y a plein de choses très simples pour faire ça. Je vais vous donner un exemple concret que tout le monde peut faire juste après avoir vu cette émission.

Vous allez à l’épicerie du coin acheter une friandise que vous adorez et qui se conserve. Ça peut être une barre de chocolat, une plaque de chocolat aux amandes. Et vous la mettez bien en évidence dans un endroit où vous allez la voir tout le temps, ça peut être à votre bureau ou chez vous, et vous y résistez. Le but, c’est de ne pas y toucher pendant 15 jours.

Au bout de 15 jours, vous avez le droit de la manger.

Et après, vous refaites l’expérience cette fois-ci 1 mois. Et au bout d’un mois, vous la donnez à quelqu’un.

Le but de cela, c’est d’entrainer sa volonté parce qu’une des plus grandes découvertes scientifiques de ces dernières années, c’est que la volonté est comme un muscle. On peut l’entrainer. On peut développer sa discipline avec des petites astuces toutes simples comme ça.

En se mettant une tentation à laquelle on a décidé de résister, c’est l’équivalent d’aller à la salle de sport pour développer ses muscles.

Emmanuel Lechypre : Mais il faut de la volonté pour aller à la salle de sport. C’est même en amont.

Olivier Roland : Est-ce qu’il faut une grosse volonté pour acheter une barre de chocolat et la mettre sur son bureau ?

Je pense que tout le monde peut tenter l’expérience.

Emmanuel Lechypre : Vous dites et vous l’avez dit déjà : l’enjeu crucial, c’est d’apprendre à apprendre. Mais comme votre livre est aussi un livre où il y a beaucoup de conseils pratiques, dites-nous comment on fait pour rentrer dans cette démarche « apprendre à apprendre » ?

Olivier Roland : Déjà, il faut se renseigner un peu.

Un des plus gros échecs du système scolaire aussi, c’est son incapacité chronique à tenir compte des découverts des neurosciences sur qu’est-ce qui fait qu’on apprend efficacement ou pas ?

Il y a eu un article écrit par 50 scientifiques américains, « Pourquoi la répétition espacée n’est pas utilisée par le système scolaire ? », alors que c’est la méthode d’apprentissage qui a été en plus prouvé déjà en 1986 comme étant la plus efficace pour mémoriser les choses à long terme.

30 ans plus tard, on est toujours au même point. La répétition espacée n’est pas utilisée à l’école.

Aujourd’hui, vous avez des applications qui coûtent quelques euros sur votre Smartphone ou qui sont gratuits qui permettent d’utiliser ce système-là qui est beaucoup plus efficace que le système analogique qu’on utilise à l’école, et qui permet d’apprendre beaucoup plus efficacement et pas seulement de bachoter, vraiment de mettre dans sa mémoire à long terme.

On peut déjà utiliser les applications qui sont développées par les startups pour complémenter notre apprentissage en utilisant des techniques qui sont prouvés par la science.

Ça fait partie de cet apprentissage de l’apprentissage.

Pour vous donner une autre astuce toute bête qui a été prouvée par la science, il est plus efficace quand on doit apprendre un texte par exemple plutôt de le relire tout le temps, c’est de le lire une première fois, de laisser reposer pendant deux minutes, et puis d’écrire tout ce que vous avez retenu spontanément. C’est une meilleure manière d’apprendre que de lire le texte 5 fois de suite.

Emmanuel Lechypre : Ça, c’est la première partie de votre livre. La deuxième, c’est sur l’entreprise.

Vous êtes viscéralement philosophiquement entrepreneur. C’est une philosophie pour vous. C’est quasiment un choix de vie.

Vous dites : être salarié, c’est bâtir le rêve de quelqu’un d’autre.

Olivier Roland : C’est la réalité. Quand on crée son entreprise, c’est un moyen de réaliser son rêve.

Ce n’est pas toujours le cas, il y a des gens qui créent leurs boîtes parce que j’ai vu dans ce jury qu’il y a des gens à 55 ans qui se retrouvent à la porte. Ils sont obligés de créer leur boîte parce que personne ne veut plus les embaucher.

C’est vraiment une manière quand on prend bien la chose de créer son propre rêve.

Après, je ne dis pas que c’est forcément mauvais de bâtir le rêve de quelqu’un d’autre. On peut être embauché dans une entreprise dont on partage le rêve et dont on a envie d’aider à bâtir le rêve.

Si aujourd’hui, je me fais embaucher par Elon Musk pour aider à coloniser Mars, c’est quelque chose qui peut m’inspirer par exemple.

Mais la réalité – je donne les chiffres au début de mon livre – c’est que quand on regarde concrètement le pourcentage des Français qui sont passionnés par leur travail, malheureusement, il n’y a que 9 % des Français.

Il y a 26 % des Français aujourd’hui qui haïssent leur job. C’est quand même une catastrophe. C’est un des plus grands échecs de la société moderne.

Emmanuel Lechypre : Alors, vous démystifiez tous les risques autour de l’entrepreneuriat, l’insécurité de l’emploi ?

Quand on est salarié, il y a aussi une forme d’insécurité de l’emploi. La faillite aussi, vous dites : après tout, on comprend pourquoi les entreprises qui se plantent se plantent.

Olivier Roland : Oui, parce que souvent il y a une mite par rapport à ça. C’est que les gens s’arrêtent aux chiffres de base données par INSEE qui est qu’en gros, au bout de 5 ans, il y a une entreprise sur deux qui a fermé.

Ce chiffre est réel. Il est à peu près stable d’une année à l’autre. Mais la question, c’est : pourquoi ces entreprises ferment ?

Et quand on s’intéresse aux raisons de cette fermeture, on se rend compte que déjà, il y a pas mal d’entreprises qui ferment pour des raisons qui ne sont pas économiques.

Parfois, c’est à cause du décès du dirigeant, parfois parce que l’entreprise est vendue, parfois parce que c’est un départ à la retraite.

Et quand on s’intéresse réellement aux causes dures de la fermeture, c’est-à-dire aux faillites, on se rend compte qu’il n’y a que 15 % des entreprises qui font réellement faillite.

Et sur ce 15 %, il y en a 2/3 qui engendre une dette de l’ordre de 11 000 euros pour le créateur.

Donc, 11 000 euros, c’est casse-pied à rembourser, mais ce n’est pas non plus insurmontable.

Quand on s’intéresse un peu à cela, on se rend compte que l’échec est possible, mais il n’est pas si fréquent que ça. Et même quand il existe, il n’est pas si important en général.

Emmanuel Lechypre : Cela n’empêche que la peur d’entreprendre et la peur de l’échec, c’est quelque chose qui est présent à l’esprit de tous les entrepreneurs avant de se lancer.

Olivier Roland : Bien sûr. Je ne dis pas qu’il faut foncer en mode kamikaze, se mettre un bandana autour de la tête et puis foncer dans le tas en criant bonzaï.

Un des mythes de l’entreprenariat, c’est de croire que les entrepreneurs à succès sont des espèces de kamikazes qui prennent des risques considérés.

C’est vrai que l’entrepreneur prend des risques, mais il prend toujours des risques mesurés au maximum de ses possibilités.

Il va faire tout pour que son projet réussisse. Et en cas d’échec, il ne perd pas trop de plume. En général, il va avoir un plan B, un plan C, un plan D au cas où les choses ne se passent pas comme prévu. Et en général, ils ne se passent jamais comme prévu.

Emmanuel Lechypre : Comment est-ce qu’on est sûr qu’on a une bonne idée ?

Olivier Roland : On ne peut pas être sûr. Si on était sûr, tout le monde serait millionnaire.

On peut réduire son incertitude par rapport à son idée. Ce que je préconise, c’est d’utiliser une méthodologie qui vient de la Silicon Valley qui s’appelle le Lean startup et que j’ai appliqué sans le savoir des années avant que ça soit inventé.

Comme exemple concret, j’ai arrêté l’école à 18 ans pour créer ma première boite à 19.

Ce qui m’a donné la confiance nécessaire pour faire quelque chose d’assez audacieux, peut-être même inconsidéré à cet âge-là, c’est que j’avais une idée de créer une boîte dans l’informatique et que j’avais testé mon idée sur le terrain.

C’est ce que je recommande : tester l’idée de la manière la plus simple possible.

J’avais remarqué que j’avais des compétences informatiques qui me permettaient de dépanner régulièrement les problèmes de personnes, et je me suis dit : pourquoi je ne gagnerais pas de l’argent avec ça.

En 1999, j’ai passé une petite annonce dans un journal d’annonce local. À l’époque, j’ai investi 60 francs. J’ai eu 5 000 francs en chiffre d’affaires en un mois. Ça m’a donné la confiance nécessaire.

J’ai été sur le terrain, j’ai vu les clients, ils m’ont donné de l’argent.

La question c’est : comment mettre en place un test simple et efficace qui permet de se connecter à la réalité du terrain le plus vite possible à côté de son job ou de ses études ?

Voilà comment on réduit l’incertitude.

Emmanuel Lechypre : Alors, Sylvain Tillon, on prolonge finalement cette question du risque de l’erreur.

Vous dites que l’erreur est une étape indispensable de la réussite parce qu’on apprend par l’expérience.

Sylvain Tillon : Pour revenir sur l’apprentissage, on apprend surtout par ces erreurs plus que par ces succès. Les succès, on a parfois du mal à les comprendre et surtout ils sont impossibles à reproduire.

Honnêtement si vous suivez les 100 conseils de ce bouquin, au bout de trois, vous allez déjà planter votre boîte. Il n’y a pas de souci.

Emmanuel Lechypre : Un seul des conseils quasiment suffit presque à planter la boîte.

Sylvain Tillon : Pourrait suffire. Après, j’en ai fait beaucoup parmi ces 100 et ça n’a pas empêché ma première société de durer 6 ans.

On peut en faire. Après, le tout, c’est d’avoir des gens qui nous permettent de prendre du recul parfois par rapport à notre activité parce qu’on est quand même seul. Et il faut se rendre compte de ses erreurs suffisamment tôt avant de prendre le mur.

Moi, j’ai dû manger mes retro. J’ai abimé mon parechoc, ma carrosserie. Mais on m’avait permis de dévier ma trajectoire avant de prendre des murs.

Emmanuel Lechypre : Les conseils, vous en donnez tous les deux abondamment dans vos livres. Mais Sylvain Tillon, vous dites quand même : entreprendre, de toute façon, ce n’est pas une science exacte. J’ai envie de dire : c’est presque même le dernier métier qu’un robot pourrait faire.

Sylvain Tillon : Ça, c’est clair. Aujourd’hui, oui, il faut tester son marché. Oui, il faut mieux connaitre ses clients au mieux.

Mais de toute façon, il y a une vraie incertitude puisqu’on démarre sur un marché qui n’existe pas toujours, qui ne nous attend pas. Et tant qu’on ne demande pas aux gens de sortir réellement l’argent de leur portefeuille, toutes les études de marché ne veulent rien dire généralement.

Donc, il faut le faire. Il faut avancer, il faut aller sur le terrain, il faut apprendre de ses erreurs.

Il n’y a aucun business plan qui est suivi ou presque. Les seuls chiffres vrais dans le business plan sont souvent les numéros de page. Tout le reste est faux.

Olivier Roland : Je suis d’accord avec ça.

Emmanuel Lechypre : En même temps, c’est moins douloureux de capitaliser sur les erreurs des autres, c’est-à-dire qu’il faut regarder ce que les autres font et pourquoi ils se sont trompés.

Sylvain Tillon : J’ai toujours appris dans ma conférence quand un entrepreneur venait me raconter comment il s’était planté que celui qui vient me raconter comment il avait réussi. Donc, c’est l’idée de ce bouquin derrière.

Après, ce n’est pas facile aussi de trouver des entrepreneurs qui ont échoué et qui acceptent de témoigner.

Emmanuel Lechypre : Mais là, on retombe toujours dans cette espèce de honte de l’échec finalement.

Sylvain Tillon : Il y a aussi une côté il faut avoir un temps de prendre du recul parce que celui qui vient de planter généralement, c’est la faute des autres. C’est la première réaction de défense d’un entrepreneur. C’est un peu logique.

Et après, ceux qui ont réussi à bondir et réussir ne veulent pas toujours redire : il y a un jour, j’étais mauvais parce que c’est encore vu comme ça.

Emmanuel Lechypre : On va y revenir parce que ça doit être douloureux aussi de revenir sur ses échecs. Mais d’abord, on va reprendre étape par étape tous les conseils que vous donnez.

D’abord, au moment de la création de l’entreprise, les plus sûres erreurs de se planter :

Par exemple, vous donnez 50 % des parts à un copain qui dit que si ça marche, il vous rejoindra plus tard. Ça, c’est pareil.

Sylvain Tillon : C’est génial ça.

Il est super expérimenté, il vous rassure à mort. En plus, il est informaticien. Vous ne comprenez rien à l’informatique, mais il bossera peut-être le week-end. Sauf qu’il a deux enfants, une femme et un chien, qu’il a un boulot et qu’il est crevé de sa semaine.

Emmanuel Lechypre : Alors, meilleure idée aussi pour planter sa boite : lire les conseils des magazines spécialisés « Les 100 business qui cartonnent ».

Sylvain Tillon : Généralement, ce n’est pas là qu’on va trouver les idées le plus originales, les plus innovantes. Surtout qu’avant tout, il faut aussi être passionné par ce qu’on fait.

Ce n’est pas parce qu’un gourou va dire que cette idée est bonne qu’elle va vous convenir à vous et vous saurez la faire.

Aujourd’hui, aucun business ne tient sur son idée. Elle tient vraiment sur son exécution et comment on la met en place.

Emmanuel Lechypre : C’est pour ça que vous dites qu’on peut être souvent tenté par exemple de rémunérer excessivement celui qui a eu l’idée du business, mais c’est une erreur parce que ça n’est que l’idée. Après, il y a toute la mise en place.

Sylvain Tillon : Oui. En plus, on peut dire ça.

Dans l’entreprise, l’inventeur peut être important tout au début pour créer le premier produit, le premier proto. Mais très vite, il va falloir commercialiser. Ce n’est peut-être pas toujours le meilleur vendeur. Il faut organiser les équipes, ce n’est pas toujours le manager. Et c’est en ça qu’il faut accepter que l’inventeur ou celui qui a eu l’idée n’est pas toujours celui qui a le plus de part dans l’entreprise.

Emmanuel Lechypre : Dans la stratégie maintenant, fausses bonnes idées :

– ne pas parler de son projet, sinon on va nous le voler ;

– se lancer sur un marché parce qu’il n’y a pas de concurrent

– ou bien avoir la cible marketing la plus large possible.

Sylvain Tillon : La première et la deuxième sont très proches au final puisque si on a peur d’en parler, c’est qu’on a peur d’avoir des concurrents qui vous piquent l’idée. Votre idée, si personne ne l’a eue,

Emmanuel Lechypre : C’est peut-être qu’elle est mauvaise.

Sylvain Tillon : Il y a de grande chance, et tout le monde l’a déjà eu.

Un copain qui vient encore de sortir une super application qui s’appelle Hungry Up qui permet de précommander son plat.

Donc, vous précommandez votre plat. Vous arrivez au restaurant, on vous le sert tout de suite à table et vous partez sans payer puisque vous avez déjà payé à l’avance.

Il reçoit 12 mails par jour des gens qui ont dit : je l’ai déjà eu il y a 2 ans. C’est de l’avoir fait et de l’avoir bien fait.

On s’en fiche qu’il y a eu 12 personnes par jour qui disent qu’ils ont eu l’idée.

Aujourd’hui, heureusement qu’il communique dessus puisque sinon, il ne trouverait d’utilisateurs ni de restaurants qui seraient prêts à accepter le service.

Emmanuel Lechypre : Des conseils comme ça, il y en a 100 dans le bouquin.

Plus généralement, quels sont les erreurs à ne pas commettre dans la répartition des tâches ? C’est-à-dire quand on est entrepreneur, qu’est-ce qu’on doit faire soi-même et qu’est-ce qu’il faut savoir déléguer ?

Sylvain Tillon : Moi, ce sont les erreurs et le principal échec qui m’ont aidé à apprendre à me connaitre.

Il faut avoir l’humilité de se dire : je suis bon là-dessus, je suis très mauvais là-dessus, je ne sais pas faire ça et je n’ai pas envie de faire ça.

Parce qu’au début, on a deux approches :

– Soit on ne veut rien faire et on va être le startupeur à la mode qui a beaucoup d’argent et qui s’entoure tout de suite de 25 personnes autour alors qu’il n’y a toujours pas de business. Ce qui est aussi potentiellement une erreur.

– Soit on se dit : je n’ai pas de sous. Donc, je fais tout. Je fais la compta, le ménage, je change le café et je trouve les clients. En plus, je fais les paies.

Il faut se rendre compte quelle est la tâche avec peu de valeur ajoutée pour le fondateur et voir là où il apporte vraiment quelque chose dans sa boîte.

Mais déjà, ce n’est pas facile de se le dire, de dire : je suis mauvais manager.

Aujourd’hui, je ne suis pas le meilleur manager de ma boite. Il a vite fallu que je trouve quelqu’un pour manager au quotidien les collaborateurs, pour les faire avancer au quotidien, pour répondre à leurs questions au quotidien parce que je ne suis pas là, et je n’aime pas être là.

Mais pourtant, dire en tant qu’entrepreneur avec 20 salariés : je ne suis pas un bon manager, ce n’est pas toujours facile de se l’avouer.

Emmanuel Lechypre : Est-ce que vous vous sentez seul à la tête de votre entreprise ?

Olivier Roland : Souvent, un entrepreneur se sent seul.

Je ne me sens plus seul parce que je me suis connecté avec des collègues entrepreneurs justement.

Typiquement, un entrepreneur va se sentir seul. Il est dans une position de responsabilité qui est unique dans sa boîte à moins qu’il ait des partenaires.

Mais souvent, rompre l’isolement pour l’entrepreneur, c’est aller dans des clubs d’entrepreneurs, côtoyer des paires pour partager les joies et les peines.

Emmanuel Lechypre : Vous disiez tout à l’heure que l’échec s’explique souvent paradoxalement par la peur de l’échec, c’est-à-dire qu’on va se planter parce qu’on ne veut pas revenir en arrière.

Sylvain Tillon : Je reviens sur le sujet du plantage de ton chiffre de tout à l’heure. Pour moi, un des pires plantages, c’est de faire survivre sa société en se payant à peine, c’est-à-dire à peine le Smic.

Il y a pas mal d’entrepreneurs dans ce cas qui travaillent 70 heures par semaine et qui n’acceptent pas d’échouer. Il faut savoir dire : stop, j’ai tenté un truc, j’ai tout fait, j’ai tout essayé, ça ne marche pas. Il faut savoir dire stop au bout d’un moment.

Le pire échec peut être de s’enfermer dans son truc et de s’isoler de son extérieur puisque quand on travaille 70 heures par semaine, plus le fait qu’on a tout le temps sa boite en tête, on ne voit plus grand monde. Et ça peut être difficile aussi au quotidien.

Moi, j’ai échoué par pas mal de non-décision.

Un exemple tout bête, sur ma première boite qui était des accessoires de coiffure, j’ai fait une séance photo par an pendant 6 ans. Chaque séance m’a coûté à peu près 3 000 euros. Et sur 20 mannequins, je n’en ai pas un potable parce que c’était soit des copines, soit des mannequins pas chers, ou avec des photographes pas très bons.

Je n’ai pas une séance photo qui est réellement utilisable. Alors qu’avec 10 000 euros, je peux faire une séance photo d’enfer.

Mettre 10 000 euros sur la table quand on n’a pas d’argent, j’ai été incapable de le faire parce que c’était de dire : « Je tente, et si ça ne marche pas, je plante. »

Sauf que tant qu’on n’a pas planté, aujourd’hui, l’entrepreneur est quand même plutôt bien vu dans la société française.

Emmanuel Lechypre : C’est le type courageux, le type qui ne plante pas et qui survit. C’est un peu le héros quoi.

Sylvain Tillon : Un peu. Et malheureusement, on n’est pas du tout des héros. Ça n’a rien à voir.

Sauf que tant qu’on n’a pas planté, on est encore invité aux soirées, on a encore une image sociale, on nous parle encore.

Le jour où vous avez planté, j’ai ma copine qui m’a largué, mes copains qui ne me parlaient plus, je n’étais plus invité aux soirées et j’étais là vachement plus seul.

Emmanuel Lechypre : Justement une fois qu’on s’est planté, comment on le vit et comment on reprend le « chemin » de l’entrepreneuriat ?

Olivier Roland, par exemple.

Olivier Roland : Moi, je peux parler de mon échec scolaire puisque la dernière année de mes études, je me suis fait convoquer par le directeur dans son bureau. Il me dit : Olivier il faut qu’on parle.

Silence, j’ai retenu ma respiration.

Et il me dit : « Tu es tellement démotivé que tu démotives les profs ».

Ça m’a posé la directe.

Emmanuel Lechypre : Donc, vous avez été viré ?

Olivier Roland : Il m’a dit qu’il n’allait pas me réinviter l’année prochaine et qu’il fallait que je me bouge un peu.

A côté de ça, j’avais fait ce test sur le terrain où je voyais qu’il y avait un potentiel et je me suis dit : c’est l’occasion, je vais créer ma boîte.

C’est vrai que si vous m’auriez vu à l’époque, en classe, j’étais affalé sur le bureau, j’aspirais l’énergie des autres. Vous n’auriez pas pariez un centime sur moi, et je pense que je n’aurais même pas parié moi-même un centime sur moi.

Et ce qui est incroyable c’est que quelques mois plus tard, j’étais à mon projet de création d’entreprise. Et là, j’étais inarrêtable, j’avais le feu sacré. Je voyais une montagne en face de moi, je faisais un trou dedans.

Ce qui a fait la différence entre le Olivier affalé sur son bureau et celui qui a le feu sacrée alors qu’il y a quelques mois d’écart, c’est simplement que j’ai trouvé un projet qui me passionne et qui me challenge.

Emmanuel Lechypre : Sylvain Tillon, comment vous avez rebondi après cet échec ?

Sylvain Tillon : Je me suis pas mal entouré des copains entrepreneurs qui ne m’ont pas lâché, qui eux avaient aussi connu l’échec parfois. Et j’étais aussi cherché du travail.

Une chose à retenir, c’est que j’ai quasiment été reçu à tous les entreprises auxquelles …

Emmanuel Lechypre : Donc, vous êtes redevenu temporairement salarié par exemple ?

Sylvain Tillon : Non, je n’ai pas eu le courage. Mais j’ai fait des entretiens et on m’a pris. Et ça a joué sur ma confiance en moi qui est revenue.

Emmanuel Lechypre : Et après, quand on a choisi un nouveau business, qu’est-ce qu’on se dit ?

Sylvain Tillon : Je fasse quelque chose de très simple, sans ambition : je veux juste me payer correctement, rembourser mes dettes en me disant que c’est ça qui me plait, et le matin me réveiller sur un projet qui m’éclate. On verra où ça me mène.

Et avec le temps, les rencontres, les opportunités, c’est devenu une vraie entreprise de 15 salariés aujourd’hui qui fait que ça m’a redonné envie de créer une autre boîte encore plus ambitieuse qui est de 20 salariés et qui sera 50 je pense en fin d’année prochaine.

L’ambition est venue avec la confiance en moi qui est revenue aussi.

C’était quelque chose de très simple. Je veux juste m’assurer mon SMIC, faire ce qui m’éclate le matin et avoir le sourire.

Emmanuel Lechypre : Olivier Roland, Sylvain Tillon, merci beaucoup pour avoir essayé de vaincre cette peur de l’échec.

Si vous voulez justement avoir moins peur de cet échec, lisez les livres de nos auteurs. Pour Olivier Roland, ça s’appelle « Tout le monde n’a pas eu la chance de rater ses études » chez Alisio, et Sylvain Tillon avec son co-auteur Thomas Pons « 100 conseils pratiques pour couler sa boîte » chez Eyrolles.

 

J’étais vraiment fatigué, même un peu pâle dans cette émission parce que je venais juste d’apprendre quelques jours avant que mon grand-père de 92 ans était décédé. Je n’avais quasiment pas dormi dans la nuit qui précédait l’émission. Je suis venu avec 3 heures de sommeil dans les pattes et j’ai fait ce que j’ai pu.

D’ailleurs à la première question, j’avais répondu n’importe quoi. Du coup, ils ont coupé. Donc, c’était sympa.

Contrairement à la première émission sur BFM, celle-ci était en décalé. Elle n’était pas diffusée en direct.

Je n’ai rien demandé de particulier. C’est eux qui, au montage, ont coupé ma réponse tout simplement. J’espère que les autres réponses n’ont pas été trop mauvaises et que ça ne s’est pas trop vu.

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